Culture

Laissez-vous émouvoir par le portrait d’un homme brisé aux prises avec ses démons dans Au-dessous du volcan

Affiche Au-dessous du volcan de John Huston. Carlotta Films
Au-dessous du volcan de John Huston. Carlotta Films

La veille du jour des morts à Cuernavaca au Mexique les préparatifs battent leur plein.

Au cœur de cette liesse erre perdu et surtout ivre mort Geoffrey Firmin ex-consul britannique. Il se noie dans l’alcool pour oublier le départ de sa femme Yvonne et tenir à l’écart ses démons.

Au lever du jour Yvonne réapparaît sans crier gare et veut une chance de tout recommencer…

Enivrant. Émouvant. Voici les termes qui caractérisent le mieux Au-dessous du volcan de John Huston. Ce drame est adapté d’un roman de Malcolm Lowry. Carlotta Films vous donne la possibilité depuis mercredi de découvrir au cinéma ce film de John Huston dans sa version restaurée.

Au-dessous du volcan s’ouvre sur une séquence en noir et blanc rappelant une danse macabre. On y voit sous fond de musique joyeuses des marionnettes de squelettes qui dansent ou jouent d’un instrument. Dont : un squelette avec une faux qui passe derrière un autre qui danse habillé en femme, un couple de mariés squelettes et autres macabres représentations. Cette séquence d’ouverture d’Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films donne l’idée d’une menace ou tout au moins que la mort plane sur ce film de John Huston. Cette introduction des plus étranges captive le spectateur qui désire en savoir plus.

Le plan suivant d’Au-dessous du volcan de John Huston nous montre le volcan dont il est question dans le titre. Majestueux il domine le plan. L’action est ensuite introduite : nous sommes au Mexique la veille du jour des morts et les festivités battent déjà leur plein. La séquence d’ouverture prend sens. On peut noter la beauté picturale des images d’Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films tout comme la maîtrise du réalisateur. Dans un fondu enchaîné voire une surimpression, le volcan s’efface et en surimpression apparaît une église. Une foule à l’extérieur se recueil sur des tombes décorées pour l’occasion et rendent hommage à leurs disparues.

On peut apercevoir en totale décalage avec cette scène un homme élégant portant des lunettes de soleil cela bien qu’il fasse sombre. L’homme observe attentivement, mais surtout avec une certaine distance ce qui se passent. Il semble mal à l’aise, cela nous est habilement restitué par une alternance de raccord regard. L’homme continue à déambuler dans la ville où la fête se poursuit. Il parait toujours en décalage par rapport à la liesse qui l’entoure. Cet homme donne l’impression d’être trop rigide, trop digne bien que sa démarche ne soit pas assurée nous donnant à penser qu’il est saoul. Un chien abandonné lui sert de compagnon d’infortune depuis le cimetière.

Geoffrey Firmin (Albert Finney)
Geoffrey Firmin (Albert Finney) Au-dessous du volcan de John Huston. Carlotta Films

Nous venons de faire connaissance avec Geoffroy Firmin personnage haut en couleur autour duquel se centre Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films. Il regarde les stands et s’arrête devant un en particulier qui comporte des crânes en sucre. Un plan nous les montre à travers le reflet des lunettes de soleil de Geoffroy Firmin instaurant une idée de mort ou de menace qui planent sur lui.

Ses pas le mènent à une salle de projection qui comporte aussi un bar. Il y rejoint un de ses amis le docteur Vigil. Tous deux s’assoient à une table. Nous découvrons que Geoffroy Firmin est un habitué de ce lieu et qu’il est surnommé « l’ingles ». Le barman lui fait remarquer que quelque chose cloche dans sa tenue avant d’attirer son attention sur un détail Geoffroy Firmin n’a pas de chaussettes. Suis un plan sur son pied, Geoffroy remonte son pantalon et ne peut qu’acquiescer. Il enlève ses lunettes on a déjà l’impression que Geoffroy est déjà en partie saoul.

Choqué le barman lui propose d’aller en chercher. Goeffroy refuse et lui demande s’il n’a pas retrouvé ses lettres. Nous apprenons qu’il a égaré les lettres de sa femme. Son ami s’attriste de les voir séparés, mais garde espoir « elle reviendra, car elle a écrit ». Tous deux trinquent. Puis l’ingles dément ses propos « j’ai aussi reçu une lettre de son avocat. Il semble que nous soyons divorcés ». Derrière le barman on peut voir l’affiche du film projeter. Il s’agit des Mains d’Orlac.

Dans Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films, on a l’impression dans un premier temps que Geoffrey Firmin se réfugie ou plutôt se noie dans l’alcool pour oublier ses déboires dont sa séparation d’avec sa femme. Albert Finney prête ses traits à cet homme brisé par la vie. Il a trouvé l’alcool comme remède contre les démons qui le hantent. L’acteur se donne corps et âme pour ce rôle de héro tragique des plus attachants.

Les deux hommes se lèvent. On entend en voix-off la bande-son du film donnant l’idée de métacinéma « tu es un menteur, tu me hais, tu me méprises ». Tous deux semblent captivés par le film. Il reste dans l’entrée de la salle de projection et observe à distance. Suis un plan sur l’écran du cinéma où l’on aperçoit les images en noir et blanc du film. Plus particulièrement un plan sur un homme chauve. Hors-champs, on entend la voix d’une femme le traiter de « menteur, hypocrite ». On assiste à une alternance de plans sur le visage de la femme puis de l’homme. Dans un plan large, On le voit l’étrangler. Il a un étrange sourire aux lèvres quand elle meurt.

Le barman leur résume le film « Les Mains d’Orlac. Une bonne histoire. Un pianiste perd ses mains dans un accident ». Les deux hommes sont suspendus à ses lèvres et quittent un instant des yeux l’écran tandis que lui poursuis « on lui greffe d’autres mains ce sont celles d’un tueur. Ses mains commettent des meurtres mais pas son cœur. Il regrette ». Geoffrey Firmin à ces mots, se révolte. Il se tourne vers lui et déclare « certaines choses sont sans excuses ». On devine que Geoffrey parle d’autre chose, de ce qui le hante sans trêve. Une rancœur latente qu’il tente de soigner à grand coup d’alcool.

Le docteur et lui quittent les lieux. Geoffrey Firmin fait observer à son ami « qu’il n’y a qu’au Mexique où la mort est une occasion de rire ». Ce ne sera pas la seule fois où il en parlera. La mort, la mortalité semblent à la fois le hanter et planer au-dessus de cet homme désespéré, mais surtout imbibé d’alcool. Son ami lui explique que c’est un jour particulier « le jour des morts. Quand leurs esprits reviennent vers nous, la route doit être facile et pas glissant à cause des larmes ». Souvent dans Au-dessous du volcan de John Huston la mort, une menace semble planer autour de notre héros. On peut voir ainsi au cœur de la fête un homme déguiser en diable danser autour d’un cercueil tenu par des porteurs, le mort dedans danse lui aussi.

Ce film proposé par Carlotta Films se poursuit par une scène assez cocasse, amusante. Les deux hommes sont au premier plan à l’écart de fête. Ils font le plein de boisson « poquito de whisky, poquito de tequila… ». Les verres s’enchaînent. Tout deux ont l’air fin saouls. La scène est malgré tous des plus amusantes, ils ont l’air de s’amuser comme des petits fous. Puis tout deux se figent un cours instant, quand le docteur propose du mezcal. Geoffrey s’y oppose, le docteur déclare que « c’est la tequila du pauvre ». Le visage de Geoffrey s’assombrit « non c’est la boisson des damnés ».

Deux autres hommes font leur entrée, nous apprenons enfin l’identité de Geoffrey Firmin. Son nom est prononcé pour la première fois. Nous découvrons de même qu’il est l’ex consul britannique. Bien qu’il ait pris sa retraite, il a décidé de rester au Mexique. En conversation avec le consul allemand Geoffrey fin saoul ne mâche pas ses mots. Il lui demande un service pour Hugh son beau-frère ou plutôt son demi-frère journaliste. Il finit par lui poser sa question « l’Allemagne finance -t’elle un mouvement nazi au Mexique ? ». L’allemand ne se démonte pas « votre beau-frère souffre d’un excès d’imagination ». L’image se concentre sur Geoffrey qui poursuit « on les appelle des sinarquistas je crois ? ». L’Allemand tente une échappatoire « de toute façon nous sommes alliés depuis l’accord entre votre Premier ministre et notre führer ».

Durant cette séquence d’Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films, tous deux donnent l’impression d’être isolé des autres. On voit l’allemand de dos et Geoffrey est face à nous. L’alcool lui a délié la langue. Il se met à divaguer « vous êtes prêt à tout… », « pensez à tous ses morts si l’accord échoue il y aura beaucoup de morts : ça sera l’Armageddon ». Son raisonnement est des plus macabres, pessimistes. Geoffrey semble avoir l’alcool triste ou tout au moins il a l’air d’avoir oublié toute convenance, tous savoir vivre. Quand on essaye d’attirer le consul allemand au loin pour clore le sujet et surtout car la réception commence, Geoffrey leur emboîte le pas.

Il se donne en spectacle continuant à parler avec emphase et poursuivant sa macabre métaphore. Geoffrey finit par monter sur scène et attrape le micro afin de partager avec tout le monde sa façon de penser. Nous sommes à une réunion de la Croix-Rouge. On tente de recouvrir son macabre discours avec de la musique sans résultats. Son ami, le docteur, essaye de l’interrompre et essaye de le faire descendre de scène. La foule est atterrée par ses propos.

Il finit par le faire descendre de scène et à le faire s’asseoir. Tout reprend son cours normal. Le docteur essaye de ramener Geoffrey a la raison, il finit par lui dire « no puedo vivir sin amar ». Phrase que Geoffrey répète renfrogné avant d’ajouter « je me suis révélé un matin. Elle était plus là », « j’ai besoin d’elle » dit-il désespéré.

Geoffrey Firmin semble noyer son chagrin dans l’alcool. Tout au long de ce film de John Huston. On a l’impression qu’il essaye de s’anesthésier avec ce remède qui malheureusement pour lui n’a pas l’air de fonctionner. Son ami pour lui changer les idées l’invite à le suivre « venez j’ai ce qu’il vous faut et ce n’est pas loin » et l’entraîne à sa suite. Le discours de Geoffrey ne semble pas avoir eu beaucoup d’effet, seules quelques personnes lui jettent un coup d’œil.

Tout au long d’Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films, vous serez envoûté tant par l’intrigue que par la beauté purement picturale des images de ce film de John Huston. Ainsi dans un plan, on peut voir au cœur de la pénombre un passage avec des voûtes où apparaît un jeu sur la perspective. Les deux hommes émergent de l’obscurité et se dirigent vers nous.

Nous sommes dans un lieu de culte éclairé par la lueur des bougies. Cette chapelle est vide.  Alternance de plans sur le visage de la Vierge de Soledad et sur celui du docteur qui lui explique que « c’est la sainte patronne de ceux qui n’ont personne ». On peut voir de la dévotion de l’adoration dans son regard quand il regarde la statue. Il est agenouillé au premier plan « vous devez lui demander de ramener votre épouse ». En arrière-plan Geoffrey Firmin fin saoul refuse et tourne en dérision la foi de son ami « je ne peux pas c’est comme appeler ma bonne fée pour lui demander trois vœux ». Il semble athée, blasphème en buvant a grande lampé au goulot de sa bouteille d’alcool. L’homme pieux continu sa prière « il faut pardonner mon companero », puis il ajoute « no puede vivir sin amar madresita », « il a perdu son épouse et demande votre aide ».

Car c’est bien de ça qu’il s’agit dans Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films. Geoffrey Firmin n’arrive pas à se remettre du départ de sa femme et est hanté par ses propres démons dont on à l’impression qu’il veut faire taire la voix avec l’alcool. La caméra zoom sur le visage de vierge, puis sur celui de Geoffrey Firmin désespéré qui s’écrit « je meurs sans toi reviens Yvonne ».

Yvonne (Jacqueline Bisset) Au-dessous du volcan de John Huston
Yvonne (Jacqueline Bisset) Au-dessous du volcan de John Huston. Carlotta Films

Dans une fondue enchaînée, Au-dessous du volcan de John Huston, nous introduit Yvonne. On la voit dans un plan de jour à l’intérieur d’un véhicule. La scène alterne avec un plan de l’intérieur d’un bar tandis qu’un homme balaie, une vieille dame joue aux dominos. A côté d’elle des marionnettes de squelettes sont posés sur une chaise. Elles renvoient à la séquence d’introduction de ce film distribué par Carlotta Films. Dans un plan large, on voit Geoffrey Firmin éméché assis seul à une table avec une bouteille d’alcool. Il s’adresse au patron.

Dans la première partie d’Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films son allure tout comme son maintien et son attitude semblent décliner. Nous suivons la lente plongée dans le désespoir d’un homme détruit par la vie autant que par l’alcool. Geoffrey Firmin parait divaguer et perdre de plus en plus pied. Il apostrophe le propriétaire qui reste imperturbable.

Le plan suivant nous montre le véhicule qui arrive à destination. La femme descend du véhicule élégamment vêtue. Elle semble attirée par la voix de Geoffrey et en chercher la source. Jacqueline Bisset prête ses traits à cette femme émouvante. Épouse démunie venue chercher le pardon, une seconde chance auprès de son époux.  Son jeu d’acteur est tout en nuances pour ce personnage que l’on souhaiterai détester, mais dont les tourments et l’attitude nous font ressentir pour elle de l’empathie. On ne peut que l’apprécier.

Dans un premier temps, elle l’observe en silence à côté de la porte. Elle est sujette à ses émotions, Yvonne baisse les yeux de temps en temps. On dirait presque un enfant pris en faute. Geoffrey Firmin continue à parler comme si de rien n’était, avant d’enfin lui accorder un regard. On a l’impression que sur le coup, il n’a pas réalisé, n’en croit pas ses yeux. Geoffrey Firmin ému s’écrit « Yvonne ». Dans un raccord regard on la voit souriante « je suis revenue ». Il est troublé « c’est bien toi ? », « bien sûr je suis revenue. Je te l’ai écrit. Tu as eu mes lettres ». Il s’agit des lettres que Geoffrey a égaré.

Il est nerveux, confus, troublé et cela pas uniquement à cause de l’alcool. Geoffrey se demande s’il doit en croire ses yeux. Il en a tellement rêvé que Geoffrey Firmin en est bouleversé. Il ne sait pas quoi dire. Yvonne s’assoie à sa table. Tout deux échanges des platitudes. Geoffrey a besoin d’un verre et se justifie à Yvonne « ce sont les tremblements le plus ennuyeux (…) usage thérapeutique de l’alcool ». De plus en plus nerveux Geoffrey Firmin perd ses moyens. Yvonne tente de l’apaiser en lui mettant la main sur le bras. Il se lève et a du mal à tenir debout elle le soutient.

Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films se poursuit avec un plan en total opposition avec les scènes de liesse du début. La ville est déserte. En fond sonore on entend un coq accompagné du chant des oiseaux. Les décorations sont toujours présentes. Tous deux discutent tout en avançant. Geoffrey lui avoue qu’il a perdu la voiture. Il semble plonger dans une spirale destructrice, être sur une pente descendante. Sa tenue est de plus en plus débraillée. Yvonne finit par lui demander la raison pour laquelle Geoffrey n’a pas répondu à ses lettres.

On sent durant cette scène une certaine tension, il semble y avoir entre eux une certaine distance donnant presque l’idée de rancœur. Geoffrey lui répond avec cynisme qu’il « avait du mal à tenir la plume ». Leurs pas les mènent devant un écrivain public « pourquoi ne lui a tu pas demandé ? ». Geoffrey s’arrête de façon abrupte et dicte « chère Yvonne je choisis la sortie facile. Adieu ». Il s’emporte « changement de paragraphe, changement de monde ». A ces mots Geoffrey lance l’argent à l’homme et part. Yvonne lui emboîte le pas. L’attitude de Geoffrey Firmin enfin ses propos sont violents. Il semble à bout de nerfs.

Tous deux passent entre les tombes. Yvonne chante « c’est le jour de l’année où revivent les morts » et autres paroles plus romantiques. Elle lui demande s’il se souvient du Lied de Strauss Le Jour des morts. Yvonne tente d’attirer son attention, de le reconquérir. On entend en fond sonore les cloches de l’église. Firmin peu réceptif met ses lunettes de soleil. Il est distant a du ressentiment « qu’a tu fais à part divorcer ». Yvonne explique que durant son absence, elle a tenté de renouer avec la gloire de leurs débuts. A cette époque, Yvonne jouait les égéries, elle a été déçue car on lui propose juste des seconds rôles.

De retour chez eux, Geoffrey est toujours aussi peu réceptif. Il semble créer une barrière pour se protéger voire ne pas être de nouveau blessé. Yvonne retrouve son chat « je lui ai manqué », « oui » ces propos semblent plus se rapporter à lui qu’au chat. Le regard d’Yvonne se voile quand elle se rend compte du triste état de ses plantes. Elle est attristée. Tandis que Geoffrey Firmin parade derrière elle. Il semble jouer un rôle et se montre souvent cruel. Geoffroy appel avec emphase Hugh son demi-frère. Il se joue de ses sentiments. Il cherche à la blesser ou tout au moins à la faire réagir « devine qui est là », « il était déçu en voyant que tu avais quitté le nid ». Au premier plan Yvonne tient dans son bras son chat. Elle tente d’y puiser du réconfort, est des plus troublées par les propos et l’attitude de Geoffrey. Ce dernier exulte, se moque cruellement d’elle. Il se donne contenance.

Tout au long d’Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films, nous nous rendons compte que Geoffrey Firmin est un personnage complexe brisé par la vie et surtout par le départ de sa femme. Il semble chercher à garder contenance, et tente de lutter. Sorte de héro tragique même lorsqu’il donne l’impression de se conduire comme un salaud, on ne peut qu’être attendri par lui. Il nous rappelle dans un certain sens un enfant cruel. Geoffrey poursuit sur le même ton « on a une visite diplomatique », « le consul du havre des cocus ». A ces mots le visage d’Yvonne se décompose. On comprend à demi-mot qu’en plus de l’avoir quitté, elle l’a trompé. « J’oubliai il est à Mexico pour son journal » conclu Geoffrey. Il veut la blesser, semble vouloir la faire souffrir autant qu’il a souffert. Rancœur d’une blessure encore à vif.

La caméra s’attarde sur les allées et venues d’Yvonne qui cherche du réconfort auprès du chat qu’elle cajole. Yvonne est sonnée, elle ne s’attendait pas à un tel accueil. Elle s’exclame « tu n’as qu’un mot à dire et je pars ». Tout au long de cette scène, la tension est palpable et cela depuis l’arrivée d’Yvonne. Geoffrey est toujours dans l’affrontement tandis qu’elle cherche les compromis. Yvonne veut une seconde chance auprès de lui. Geoffrey donne l’impression de se défendre de peur de souffrir à nouveau ou de se réjouir trop vite. Imperturbable il paraît écouter à peine Yvonne. Geoffrey s’écroule sur un fauteuil et se saisit du remède d’Hugh contre l’alcoolisme : de la strychnine. Il s’écrit « strychnine, il veut m’empoisonner ». De nouveau dans Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films, le voile de la mort semble planer sur ce film, car même si Geoffrey Firmin plaisante la strychnine est connue pour être un poison mortel. Cela ne laisse rien augurer de bon pour la suite.

Bien installé Geoffrey demande à Yvonne si elle veut un verre. Souriante, elle lui fait comprendre à demi-mot qu’il est un peu tôt. La lutte intérieure qui s’opère dans Geoffrey est parfaitement restituée à l’image. Il fixe des yeux le verre et hésite à boire. Yvonne lui dit avec douceur « bois, je suis habituée » entre le sourd reproche et la capitulation « non c’est bon je vais m’en tenir à l’ancien remède » à savoir le traitement d’Hugh. En apprenant que Geoffrey a démissionné, Yvonne lui fait remarquer que plus rien ne le retient au Mexique. Il lui répond si « la magie ». Durant cette scène Geoffrey tente de justifier son alcoolisme « tu devrais apprécier le tremblement du trop peu avant l’abandon du trop ». Geoffroy craint la sobriété où ses démons affluent et préfère l’ivresse qui pour lui est la marque d’une lucidité supérieure.

La musique se fait plus inquiétante quand Yvonne le laisse pour ranger ses affaires. Geoffrey se jette sur la bouteille de remède et est gagné par des tics nerveux. Une lutte intérieure semble se jouer en lui. On peut voir dans cette partie d’Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films une opposition des plus flagrante entre les images se rapportant à Yvonne qui range ses affaires sous fond de musique douce et celles mettant en scène Geoffrey qui sont plus dans la frénésie. La musique pour ces dernières est plus inquiétante. Geoffrey part en courant vers la bibliothèque où il cherche frénétiquement quelque chose. On se doute qu’il s’agit d’alcool. Geoffrey une fois la bouteille sortie de sa planque boit à grandes rasades. C’est son automédication pour lutter contre son cœur brisé et ses démons ravivés par le retour soudain de sa femme. On peut y voir exprimé toute la dualité de ses sentiments.

De plus en plus nerveux Geoffrey perd de plus en plus contenance et donne l’impression d’agir comme un fou. Il court à travers toute la propriété jusqu’au jardin et agit comme un dément. Fébrile Geoffrey est à la recherche d’une nouvelle planque sous le regard étonné du voisin. Une fois trouvé, il boit au goulot. Son regard semble un instant absent. Geoffrey parait un court moment apaisé. Il s’adresse au voisin et commence à divaguer tout en enlevant sa veste.

On assiste à un dialogue de sourds entre les deux hommes. Le voisin est plus que mécontent d’entendre les « miaulements infernaux » du chat de Geoffrey. Lui poursuit imperturbable ses divagations et continu à se dévêtir. Le voisin se fait menaçant et dit que si personne ne s’en charge « il s’en chargera ». Geoffrey semble à peine l’entendre. Il suspend son faux col et sa cravate à des branches avant de lui tourner le dos. Le voisin poursuit hors champs « je l’étranglerai de mes propres mains ». A ces mots Geoffrey revient sur ses pas, il écarte la végétation et s’adresse enfin à son voisin de façon rationnelle « le chat Oedipus pleurait après Yvonne et elle est revenue » sur ce il part.

Yvonne prend son petit-déjeuner au lit. Geoffrey Firmin fait son entré, il est taquin. Puis s’allonge dans ses bras détendu. Il lui demande si elle se rappelle « les mois du calendrier mayas ». Tous deux les énoncent. Dans ce film de John Huston c’est l’un des rares moments de complicités dont on est témoin entre eux. Geoffrey lui fait face et l’embrasse avant d’avouer « j’ai tant voulu ton retour ». Il pose sa tête sur elle.

Puis d’un coup, il la fixe étrangement et a un mouvement de recul. Son expression se fait grave « pardonne moi ça ne marche pas ». La caméra se concentre sur lui, puis sur Yvonne désolée qui le supplie de rester sur fond de musique emphatique.  Pris de panique Geoffrey Firmin s’enfuit en courant de chez lui. Il tombe face contre terre en plein milieu de la route sous le chant apaisant des oiseaux.

Hugh (Anthony Andrews) , Geoffrey (Albert Finney) et Yvonne (Jacqueline Bisset) .
Hugh, Geoffrey et Yvonne. Au-dessous du volcan de John Huston. Carlotta Films

Dans un fondu enchaîné nous voyons Yvonne dans sa chambre en train se préparer. Puis un homme fait son entrée en s’écriant « où es-tu vieil homme ? ». Yvonne en reconnaissant Hugh reste un instant sans voix, étonnée, mal à l’aise. On ressent de nouveau dans Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films une certaine tension faite de non-dits. L’ambiance se détend assez vite. Hugh demande tout en ramassant la veste de Geoffrey « où est passé notre monarque ? ». Yvonne fait observer qu’il est parti à la recherche d’une bouteille.

Hugh semble sincèrement soucieux, inquiet pour Geoffrey « tu l’as eu par surprise », « comment a-t ’il réagit ? », « content je crois » dit-elle. Il fait remarquer que « la moitié du temps, je ne sais pas s’il est bourré. Il est bâti comme un taureau » tente-t-il de la rassurer. Mais Yvonne fait finement observer qu’elle l’a « trouvé diminué ». Hugh se met à espérer « comme tu es revenue, il va peut-être arrêter ».

On assiste ensuite dans ce film de John Huston a une scène assez comique et émouvante à la fois. Une voiture stoppe pile où Geoffrey continu à se reposer. L’homme lui demande si ça va et il s’écrit que oui. Le chauffeur à toujours quelque chose pour les urgences. Il sort une bouteille d’alcool que Geoffrey s’empresse de descendre. L’homme le reconnait car il était à la réception organisée par la Croix-Rouge. Il a surtout assisté à son discours « qui avait l’air fameux même s’il n’avait pas tout saisi ».

Le chauffeur le met en garde « n’allez pas vous répandre sur les routes. Vous pourriez y rester ». Geoffrey Firmin en fait de nouveau trop. Il se donne en spectacle, ragaillardi par l’alcool. Il fait demi-tour débraillé d’un pas mal assuré. Son état semble avoir empiré depuis le début d’Au-dessous du volcan de John Huston.

Geoffrey retrouve Hugh et Yvonne. Geoffrey est trop bavard, il en fait trop sous le regard inquiet d’Yvonne. Il les laisse pour faire un brin de toilette. Hugh prend à partie Yvonne et lui demande « es-tu vraiment revenue. Je veux savoir où on en est exactement ». Hugh voit le mal se développer chez son ami dont le cœur et l’âme sont brisés. On assiste à une scène troublante entre Hugh et Yvonne qui lui tourne le dos et se cache le visage entre les mains. Elle semble ne plus savoir où elle en est et finie par dire « je suis revenue pour lui ça te va ? ».

Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films enchaîne avec une image étonnante : un gros plan sur un cafard. On entend un hurlement sous fond de musique mexicaine. Puis plan sur Geoffrey qui hurle à nouveau avant de s’évanouir. Nous sommes dans une salle de bain, des vêtements sont éparpillés sur le sol. Hugh et Yvonne font leur entrée. Hugh le rassure comme s’il s’agissait d’un enfant « on est la vieux ». Tous deux l’aident à se déshabiller avant de le placer sous la douche. Geoffrey en sort nu et hurlant, car il n’y a pas d’eau chaude. Hugh et Yvonne s’occupent de lui avec une grande patience et tendresse comme s’il était un enfant. Ils prennent soin de Geoffrey qui leur est tout au moins pour le moment totalement dépendant. Ils le frictionnent. Hugh le rase…

Dans ce film de John Huston, Geoffrey Firmin fait souvent référence à la strychnine « on devrait tous en prendre ». Il répète le mot plusieurs fois. On a l’impression de voir planer un sombre destin sur eux. Geoffrey semble se reprendre et leur propose d’aller à la fête. Resté seul avec lui, Hugh lui demande s’il doit partir tout en l’aidant à s’habiller. Une tension palpable est de nouveau présente et laisse sous-entendre une trahison. Geoffrey lui demande « tu as peur de quoi des tentatives de séductions d’Yvonne ou de tes bassesses ». Un court instant son regard se durcit, puis il lui demande de rester. La tension se relâche.

Tout trois partent à la fête. Sur le chemin, ils croisent un drôle d’équipage : un homme assis sur les épaules d’un autre dont les yeux sont bandés. On entend de nouveau sonner comme un glas la citation « no puede vivir sin amar ». Geoffrey répète en anglais cette phrase qui semble gravée dans son cœur « on ne peut pas vivre sans amour ».

Le malheur, la mort et les mises en garde ne sont jamais loin dans ce drame cynique de John Huston. Geoffrey Firmin va tenter part tous les moyens de retrouver ses lettres égarées. Hugh nous apprend à notre plus grand étonnement que Geoffrey les gardait sous sa chemise, mais qu’il ne les a jamais ouvertes. Durant ses recherches, il fait le tour de tous les endroits plus exactement bars où Geoffrey aurait pu les laisser. La propriétaire d’un établissement le met en garde contre un lieu de perdition où il pourrait s’égarer et perdre son âme.

Au-dessous du volcan distribué par Carlotta Films nous invite à suivre les pas de Geoffrey Firmin dont on sait qu’il va inexorablement à sa perte. Cela même s’il tente de se battre. Selon lui pour rétablir l’équilibre il a besoin de boire. A la fois détruit par l’alcool et ses souvenirs, Geoffrey semble être sur une pente descendante et suis une lente descente aux enfers.

Ce film de John Huston se centre plus particulièrement sur ces trois personnages, même si d’autres interagissent avec eux. Par moments, le réalisateur a fait le choix de restituer certains propos dans leur langue d’origine à savoir l’espagnol sans les traduire. Peut-être veut-il qu’on s’identifie aux personnages qui vivent à Mexico sans en être natif et ne comprennent peux être pas totalement la langue locale.

Suivez avec passion le destin tragique d’un homme brisé dans Au-dessous du volcan de John Huston

Au-dessous du Volcan de John Huston. Carlotta Films
Au-dessous du Volcan de John Huston. Carlotta Films

Au-dessous du volcan de John Huston avec Albert Finney, Jacqueline Bisset,…. Carlotta Films.

Durée : 1h52

Pour plus d’information : https://carlottafilms.com/cinema/

Rédactrice freelance, Pigiste

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