Culture

Pénétrez si vous l’osez au cœur de L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas

L'Horreur de Kill Creek de Scott Thomas. Bragelonne Terreur. Photo: Philippe Lim
L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas. Bragelonne Terreur. Photo: Philippe Lim

Quatre grands noms du roman d’horreur sont invités à réaliser une interview la nuit d’Halloween dans Kill Creek une maison hantée tristement célèbre. Mais au cœur des ténèbres le mal rôde, tapi près à surgir. Ce qui devait être un coup de pub va se transformer en lutte pour sa survie. Après leur départ de Kill Creek quelque chose les a suivi, contaminé. Ils vont devoir retourner sur place pour affronter l’horreur.

Angoissant. Effrayant. Palpitant. Voici les termes qui caractérisent le mieux L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas. Ce roman proposé par les Éditions Bragelonne débute par une citation d’un maître de l’horreur Lovecraft.Scott Thomas en véritable conteur nous introduit dans le prologue l’un des personnages principaux : Kill Creek. La maison hantée au cœur de l’intrigue. L’auteur de ce roman proposé par les Éditions Bragelonne nous offre une définition intéressante ou une description des plus captivantes de ce lieu. « Aucune maison ne nait mauvaise. On pense à la plupart avec affection, avec amour même. Au début la maison Kill Creek ne faisait pas exception (…) Mais comme la plupart des lieux hantés une tragédie a frappé la maison de Kill Creek. L’homme qui l’a construite a été assassiné À quelques mètres de la femme qu’il aimait. ». Sa femme a été pendue à un arbre. Amour interdit qui c’est fini tragiquement.

Là où Scott Thomas innove dans L’Horreur de Kill Creek c’est que la rumeur, la sinistre réputation du lieu jouent un rôle important dans l’horreur, l’intrigue. Un peu comme une fée clochette démoniaque l’entité a besoin qu’on croie en elle pour exister. Les rumeurs renforcent son pouvoir qui s’étend. Ainsi dès le prologue de L’Horreur de Kill Creek la sinistre réputation de ce lieu est plus que soulignée « une maison souillée par le sang versé ne peut échapper à la peine infligée par la rumeur ». « Les gens du coin qui empruntaient le chemin de terre menant à Kansas City se sont mis à parler de la maison comme d’un être vivant. Ils ont pris en pitié ce lieu triste », « les voyageurs pressaient le pas en arrivant à la hauteur de Kill Creek ».

Nous découvrons que comme souvent dans les romans mettant en scène une maison hantée et Kill Creek ne déroge pas à la règle plusieurs propriétaires se sont succédés dans ce lieu. La plupart partent au bout d’un an sans pouvoir expliquer pourquoi. « C’était devenu un lieu mauvais propre à susciter l’horreur ». Cependant, peu à peu Kill Creek perd de sa sombre notoriété et de son influence. Elle est réduite « à des histoires à dormir debout racontées aux enfants avant de dormir ». Cela va changer dès 1975 quand Kill Creek va être racheté par deux sœurs jumelles. L’aura d’horreur autour de cette maison va s’intensifier. Elles vont finir par connaître un funeste destin.

Au début de L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas l’horreur se distille à petites touches. Tout repose tout au moins dans un premier temps sur l’atmosphère angoissante et le poids de la rumeur. Notre attention est captivée et nos sens à l’affût.

Rachel une des sœurs va redonner si l’on peut dire ses lettres de noblesse à ce lieu hanté. Elle va accorder une interview à un docteur en parapsychologie. De cette collaboration et plus exactement de cette expérience va naître un ouvrage. « Grâce auquel auprès de certains Kill Creek a officiellement acquis le statut de porte vers l’au-delà, lieu de tous les cauchemars ». Chose plus importante comme vous aurez l’occasion de vous en rendre compte durant la lecture de ce roman proposé par les Éditions Bragelonne son nom redevient connu du public.

Tout au long de L’Horreur de Kill Creek vous observerez l’importance de la rumeur pour ce lieu hanté. Elle contribue à son influence. Le mystère entourant Kill Creek, les événements qui s’y déroulent et les deux sœurs Finch sont pour notre plus grand bonheur des plus intenses.

Nous sommes tenues en haleine tout au long de notre lecture de ce roman proposé par les Éditions Bragelonne et ce jusqu’au rebondissement final. « Rachel est retrouvée pendu à l’endroit exact où avait été pendu l’amour interdit du premier propriétaire », « certains ont suggéré que la maison était responsable (…) et autres rumeurs », « une façon de rappeler qu’il fallait mieux rester à l’écart de cet endroit ».

La chambre du deuxième étage où restait cloîtré Rebecca se révélera avoir son importance dans l’intrigue de L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas. Lieu où elle serait en bonne compagnie selon les propos sibyllins de Rachel. Ils se révéleront lourds de sens. La chambre est murée, personne ne sait ce qu’elle contient. L’accès au deuxième étage est impossible. L’escalier est interrompu par un mur de briques. C’est comme si l’étage n’avait jamais existé.

La maison une fois abandonnée « les rumeurs sont sa vie, les histoires sont souffles ». Les rumeurs ont la dent longue. Elles perdurent et confèrent une mauvaise aura à Kill Creek. Cette dernière finie par s’amenuiser si le lieu tombe dans l’oubli. Chaque partie est introduite par un extrait de l’ouvrage fictif Les Fantômes de la prairie du docteur Malcom Adubel écrit en collaboration avec Rachel.

L’Horreur de Kill Creek se poursuit avec la partie L’Invitation. Celle-ci introduit quelques-uns des auteurs conviés à se rendre la nuit d’Halloween à une interview centrée sur leurs carrières. Nous faisons connaissance avec les deux principaux auteurs d’horreur qui sont invités à rencontrer Wainwright pour une interview pleine de surprises. Tous les personnages conviés dans ce lieu ont tous une part de fragilité voire d’ombre qui seront exploités dans l’intrigue ou plus exactement par la maison hantée voire l’entité. Scott Thomas nous donne accès à leurs pensées en employant l’italique.

Dans ce roman proposé par les Éditions Bragelonne, il semble affectionner la figure de la mise en abîme. L’auteur distille des pistes tout au long de notre lecture de L’Horreur de Kill Creek. Scott Thomas s’amuse à les brouiller, mais surtout à jouer sur nos attentes dans une intrigue captivante. Elle vous emmène aux confins de l’horreur voire de l’angoisse.

Dans un premier temps, nous sommes amenés à faire connaissance avec Sam un romancier spécialisé dans l’horreur. Il donne des cours à la fac. L’un de ses sujets porte sur la littérature d’horreur gothique. Ce thème donne l’impression de coller assez bien à l’intrigue de L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas. Sam y indique les clefs de toutes bonnes histoires au cœur des romans gothiques. Il dresse tout au moins en partie un plan d’action de ce roman proposé par les Éditions Bragelonne.

Sam se réfère ainsi à « l’émanation d’un lieu unique », « le sentiment d’une histoire cachée. Un passé sinistre doit planer sur le lieu en question », « une atmosphère de délabrement et de ruine. Au délabrement physique de la littérature gothique classique (château, manoir…) répond le délabrement moral ». Il conclut « par la corruption des innocents. Personne qui assure la parenté du mal ». On peut être tenté de penser à Shining.

Vous vous rendrez compte au cours de votre lecture de L’Horreur de Kill Creek que les clés de ce genre sont certes réunies, mais surtout dépoussiérées. Dans ce roman proposé par les Éditions Bragelonne, Kill Creek avec son statut d’immense bâtisse semble écraser les visiteurs. Ce qui rejoint le roman gothique. Elle est personnalisée et donne l’impression d’avoir une vie propre. Tout comme la nature qui l’entoure qui est hostile.

Le lieu reprend peu à peu vie quand son influence, la rumeur augmentent. Ainsi pour l’un des hommes venus pour rendre habitable la maison le temps de l’émission. Ce lieu le rend mal à l’aise. Pour lui « cet endroit lui semblait malveillant ». Cela est dû en partie à l’atmosphère angoissante qui s’en dégage. Le lieu tout comme la végétation qui l’entoure sont la parfaite illustration de l’inquiétante étrangeté.

L’homme entend comme un rire d’enfant. Son instinct lui recommande de ne pas ouvrir la porte, mais il n’écoutera pas cette mise en garde. Les manifestations s’amplifient, tout comme le malaise que l’homme ressent. Il « aurait pu jurer que la maison avait pris une profonde inspiration. Elle semblait attendre son heure ». L’horreur joue plus sur l’angoisse avant de nous amener à côtoyer la terreur pure.

Tout au long de ce roman de Scott Thomas la figure de la mise en garde tout comme dans les contes est omniprésente. Comme souvent personne n’en tient compte et cela à leurs risques et périls, mais surtout pour le plus grand bonheur des adeptes du genre dont je fais partie.

Sam va accepter la proposition d’interview de Wainwright pour son site Internet. Selon ce dernier « l’horreur n’a jamais été aussi populaire » son site lui permet de toucher un public plus large. Son émission repose sur le live stream. Une expérience brouillant les limites entre la réalité et la fiction. Wainwright a ainsi monté un canular qu’il compare à celui d’Orson Welles basé sur La Guerre des mondes.

L’élément de surprise est la clef de sa mise en scène. Il semble en être de même pour l’intrigue de ce roman proposé par les Éditions Bragelonne. Sam tout comme, Moore vont avoir la surprise de découvrir qu’ils ne sont pas seuls. Wainwright a réuni quatre auteurs d’horreur les plus influents des 50 dernières années. Tous ont leur propre vision du genre et on leur propre personnalité. Sam est en pleine angoisse de la page blanche.

T.C. Moore a un style qui rappelle celui de Clive Barker. Ainsi Moore « savait que le plaisir et la douleur avait pour origine la même région du cerveau. Poussé à l’extrême l’un devenait impossible à distinguer de l’autre. Le plaisir de la douleur, la douleur au plaisir ». Sûre d’elle, Moore ne connaît pas la page blanche. Selon ses propos c’est une excuse pour les faibles. elle nous apparaît comme un personnage fort. Sebastian Cole est un pilier, un écrivain célèbre qui fait partie des classiques du genre. Le dernier auteur convié est Daniel Slaughter. C’est un fervent croyant dont l’horreur vise plus particulièrement les adolescents. Le nom de ce dernier semble le prédestiner au genre.

Le maître du jeu fait enfin son entré tout en leur introduisant le thème, plus exactement leur prochaine étape dans les ténèbres : « Qui a envie de passer la nuit dans une maison hantée ? ». Wainwright leur remet un livre les Fantômes de la prairie. Selon Sebastian Cole ce n’est rien d’autre qu’un ramassis d’inepties. Pour Wainwright cela n’a pas d’importance, car les lecteurs y ont cru à l’époque. La maison de Kill Creek reste une légende locale.

Tous se retrouvent piégés par leurs contrats et sont contraints d’accepter la proposition de Wainwright concernant son épisode spécial Halloween. C’est l’occasion pour eux de se faire un coup de pub et de toucher un plus large public. Wainwright avec cette émission veut enraciner solidement le genre dans le grand public « Mon objectif est de prouver à tous qu’il n’y a pas de mal à embrasser son côté sombre, à célébrer l’inconnu ». Il veut donner un accès prioritaire pour les lecteurs à leurs maîtres de l’horreur. Ils vont avoir la chance de les voir évoluer dans un cadre unique.

Dans L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas l’inquiétante étrangeté semble souvent présente. Vous êtes invité à vous méfier de tout et à rester sur vos gardes. L’auteur et l’intrigue jouent en douceur sur les attentes du public. Il est souvent fait référence à l’aspect étrange proche d’un masque du visage de Wainwright. Son apparence est troublante tout comme son attitude ce qui fait qu’ils ont tendance à se méfier de lui.

Le brio de Scott Thomas dans ce roman proposé par les Éditions Bragelonne est de nous présenter l’action à partir de différents points de vue. Ce qui facilite l’empathie et permet d’entrer en immersion totale dans l’action. Dans L’Horreur de Kill Creek la rumeur a une place primordiale « Bizarrement peu importe qu’une rumeur soit vraie ou fausse (…) du moment que les gens les croient ». Ce qui confère à cette maison le statut de légende locale, de maison hantée et lui permet d’étendre son pouvoir.

Leur première impression est assez négative. La nature est peu accueillante avec entre autres les branches squelettiques des arbres. Cela donne l’impression d’une mise en garde « vous n’êtes pas les bienvenues faites demi-tour ». Cette sensation est renforcée par l’apparence mal entretenue et coupée du monde de Kill Creek. Tous regretteront plus tard leurs décisions.

Le surnaturel, l’horreur apparaissent par petite touche tout au long de L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas avant d’atteindre leurs apogées. Ce qui ne ralentit en rien l’intérêt du lecteur qui s’attache aux personnages. Il doit toujours rester sur ses gardes tout comme eux. Tout commence par la sensation une fois la porte ouverte que le manoir semble ondoyer, frissonner, comme il les attendait. Puis c’est un léger chuchotement qui tente de rompre le silence incroyable qui règne dans ce lieu. La végétation rampante donne l’impression d’avoir une vie propre.

 Ensuite les manifestations tout au moins l’une d’elle se font plus prononcées. Kate, la cameraman filme le mur obstruant l’accès à la chambre de Rebecca. Il semble disparaître un instant de l’écran. Contre toute attente elle va à l’encontre de la mise en garde dictée par sa conscience « va-t’en, sauve-toi tu n’as pas envie de voir ça ». Kate va alors discerner « un court instant à la place du mur une femme aux cheveux noirs qui griffait l’air (…) comme si elle était emmurée et voulait sortir ». Elle sera la seule à voir ce phénomène et regrettera amèrement son choix.

Peu à peu dans ce roman proposé par les Éditions Bragelonne la maison reprend ses forces, retrouve un second souffle. On nous laisse douter un court instant du bien-fondé de cette maison hantée. Cela à partir entre autres d’une citation de Lovecraft « la plus ancienne et la plus forte émotion de l’humanité est la peur et la plus ancienne et la plus forte des peurs est l’inconnue ». Comme vous aurez l’occasion de vous en rendre compte durant votre lecture de L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas la clé de l’horreur véritable est : « si vous croyez que c’est réel c’est réel ». La maison donne l’impression de se nourrir de leurs peurs ainsi que de leurs traumatismes qu’elle amplifie par le biais d’hallucination. L’imagination prend le dessus.

On peut noter aussi dans ce roman proposé par les Éditions Bragelonne une bonne dose d’ironie voire d’autodérision. Contrepoints comiques qui détendent la tension de l’action tout en prenant un ton funeste une fois arrivé plus loin dans votre lecture. Ainsi quand les lumières de la maison dysfonctionnent. Sebastian taquin s’écrit « c’est la maison qui se réveille ». Danielle surenchérit « oui c’est toujours comme ça elles attendent la nuit. Le jour tout va bien, mais la nuit c’est là que tout commence à aller de travers ».

L’imagination tout comme la rumeur tiennent une place importante dans L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas. Même une fois loin de ce lieu la maison les appelle, les harcèle. Les manifestations continuent. C’est comme si eux-mêmes étaient hantés ou avaient été contaminés par ce qui se cache au cœur de Kill Creek. Pour survivre, ils vont devoir affronter à nouveau l’horreur de Kill Creek, car comme le dit si bien Sam « J’ignore ce qui se cachait dans cette baraque mais c’est reparti avec chacun de nous (…) ce qui se cachait à Kill Creek en a après nous ».

Préparez-vous à aller de rebondissement en rebondissement dans ce nouvel opus de la collection Bragelonne Terreur. Scott Thomas redéfini l’horreur gothique pour en faire un genre plus moderne. C’est aussi une habile réflexion sur la terreur, la folie, le poids de la rumeur et de l’écriture. Ames sensibles s’abstenir. Vous pénétrez au cœur des ténèbres au sein d’un lieu ou vos démons prennent corps. L’horreur, l’angoisse est des plus prenante dans ce roman proposé par les Éditions Bragelonne sans jouer pour autant sur l’excès. Elle agit plus sur un côté psychologique s’appuyant sur les faiblesses des personnages. Afin de prendre corps et de se jouer d’eux pour atteindre son objectif.

Méfiez vous de votre imagination en pénétrant dans L’horreur de Kill Creek vos peurs prennent vie

L’Horreur de Kill Creek de Scott Thomas. Editions Bragelonne collection Bragelonne Terreur. Prix : 18,90 €

Pour plus d’infos : https://www.bragelonne.fr/

Rédactrice freelance, Pigiste

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