Culture

Traquez un tueur en série sanguinaire aux côtés d’un inspecteur chevronné grâce à Spectrum Films et son édition collector de The Saviour

The Saviour de Ronny Hu. Édition collector. Spectrum Films. Photo de Philippe Lim
The Saviour de Ronny Hu. Édition collector. Spectrum Films. Photo de Philippe Lim

L’inspecteur Tom et son nouveau partenaire Charles sont sur les traces d’un serial killer qui s’en prend aux prostitués. Leur principal suspect est le fils du magnat Kwok, ce dernier est prêt à tout pour couvrir son enfant.

En ultime recours, Tom désespéré décide d’utiliser sa copine comme appât …

Captivant. Violent. Choc. Voici les termes qui caractérisent le mieux The Saviour de Ronny Yu. Spectrum Films vous propose une édition collector comportant un DVD et un Blu-ray de ce premier long-métrage de Ronny Yu. On doit à ce dernier entre autres le cultissime Le Maître d’armes. Il est secondé par un assistant réalisateur dont le nom ne vous semblera pas inconnu : Stanley Kwan qui a réalisé entre autres Center Stage. The Saviour est à la fois sombre et poétique et dispose d’une magnifique photographie. La musique tient une place de choix dans le film.

L’intrigue de The Saviour commence en douceur par la routine matinale de l’inspecteur Tom. Le personnage principal nous est introduit ici. Dans un premier temps, gros plan sur le réveil qui une fois passé à 7h sonne. Suit un plan sur l’œil du dormeur qui s’éveille. Cette scène se passe sur fond d’une musique dissonante qui semble provenir de son réveil. Sa routine commence.

Avant de partir, Tom récupère son pistolet, il vérifie si ce dernier est bien chargé. Tom le fait tourner comme dans les westerns avant de mettre dans son holster de ceinture. Ce n’est pas le seul passage de ce film HK qui m’a fait penser à ce genre, il en va de même pour la scène finale.

Tom récupère le reste de ses affaires dont des menottes, ses badges et son talkie-walkie.  On en déduit qu’il est policier. C’est seulement à ce moment que nous voyons pour la première fois le visage de Tom.

Tout au long de The Saviour le réalisateur joue sur les attentes du public, en distillant petit à petit certaines informations. Les images de ce film recèlent parfois d’une grande poésie. On suit le trajet en voiture de notre héros la séquence se finit sur un plan large de la ville.

D’un coup The Saviour change de ton et nous introduit une scène en totale opposition avec la séquence d’ouverture d’une grande quiétude. Cette alternance de genre est assez fréquente dans ce film. Nous pénétrons au cœur de l’action dans une scène percutante. Notre héros défonce une porte et à juste le temps de se mettre à l’abri, avant que le suspect ne lui tire dessus. Suis un plan sur le reflet du tireur dans une sorte de raccord regard. L’inspecteur lui tire une balle en pleine tête.

Dans The Saviour l’action nous est souvent présentée sans filtre avec parfois un côté assez pictural. La scène nous est restituée brut, dans ce film on ne fait pas dans la dentelle sans pour autant donner dans un excès de gore. Nous apercevons un trou dans le casque du tireur, on y voit ce qui semble être du sang et des éclats d’os.  

Gros plan sur le policier, ce dernier se lance à la poursuite du deuxième suspect. La musique reprend à ce moment, son rythme restitue voire souligne à merveille la course-poursuite des deux hommes. Dans The Saviour la musique sert parfaitement l’action, les images qu’elle soit diégétique ou non (radio, cassette, réveil…).

Une sorte de contre-point comique rompt le rythme de la poursuite, détend l’atmosphère. On y voit un homme en train de chantonner, il tient en équilibre sur sa main une cage contenant un oiseau. Il semble limite s’adresser à ce dernier.

The Saviour de Ronny Yu joue souvent et pour notre plus grand plaisir avec les attentes du public. La poursuite continue, le fugitif fait tomber un enfant, puis ce cache. Le policier s’arrête et demande au petit s’il va bien. C’est la première parole qu’on entend dans The Saviour de Ronny Yu.

La traque prend fin le fugitif est coincé. On assiste à une succession d’échanges de regards. Le malfrat tire en premier et rate sa cible. Contrairement au policier qui fait mouche en lui tirant une balle dans le cœur. L’homme tombe du toit et se retrouve suspendu, retenu par le câble des antennes. Il se balance face à la fenêtre de l’homme que nous avons vu précédemment chanté. Ce dernier hurle terrorisé.

Spectrum Films vous permet de découvrir ce chef-d’œuvre du cinéma HK des années 80 dans une version collector. Vous aurez la chance de pouvoir y découvrir pour la première fois The Saviour en version HD.

Le personnage principal laisse parler les flingues et tire voire tue avant d’interroger.  L’inspecteur nous est présenté comme un franc-tireur qui n’est pas sans nous rappeler le célèbre Harry Callahan de la série de films l’Inspecteur Harry.

Le film enchaîne sur une corbeille pleine de Kleenex dont certains sont jetés négligemment à côté. Dans un plan plus large, nous voyons le commissaire mouchoir à la main. Il sermonne le personnage principal en lui reprochant d’avoir trop de morts au compteur. Vous « êtes incapable de m’en ramener un vivant, contenez vos pulsions ». Il exige d’avoir « des gens qui parlent » ce qui parait logique pour pouvoir les interroger. En ajoutant non sans un certain humour voire plutôt une certaine ironie « nous ne sommes pas les fournisseurs des pompes funèbres ». Notre héros semble désabusé à peine touché pas ses propos, une clope à la main il finit par lui répondre « nous devons tous mourir un jour » le commissaire répond du tac au tac « vous y passerez sûrement aussi ». Sa réponse illustre parfaitement son caractère impulsif, il ne s’en laisse pas raconter « ça c’est mon problème » dit Tom en écrasant sa cigarette.

The Saviour de Ronny Yu se dévoile petit à petit pour notre plus grand bonheur. On apprend finalement le prénom de l’inspecteur dont nous suivons les pas depuis le début : Tom. Le commissaire lui dit de s’asseoir afin de lui présenter son coéquipier. Fidèle à lui-même Tom nous apparaît en plus d’être impulsif, brut de décoffrage et pas forcément porté sur la diplomatie. Il dit ainsi à Charles « vraiment désolé sur mes 5 adjoints 4 sont morts », son futur coéquipier garde le moral et lui répond « je suis en bonne santé ». Tom ne se laisse pas démonter et continu son sabordage « le 5e aussi avec une jambe en moins. Il gardait un moral d’acier » tout en lui assénant une tape réconfortante sur l’épaule.

Le film se poursuit avec un gros plan sur un dossier rose que le commissaire vient de poser sur son bureau : il est consacré aux meurtres des prostitués. Après cette introduction haute en couleur de notre personnage principal Tom. Le thème de The Saviour est enfin abordé à savoir la traque d’un serial killer qui tout comme Jack L’éventreur s’en prend en prostitués. Charles se renseigne pour savoir si Tom était sérieux, le commissaire lui répond froidement « lui il n’a aucun humour ». Cela donne le ton.

The Saviour de Ronny Yu nous dresse une galerie de portraits variées pour certains attachants, mais dont certains se révèlent plus complexes que prévue. Ainsi notre franc-tireur, un brin bouc bourru au premier abord se révèle tout en nuance et non dénué d’émotion. Il s’occupe d’un enfant Laurent dont il est le parrain, Tom va le voir à l’orphelinat deux fois par semaine. En sa présence son visage qui semble impassible voire distant le plus souvent s’éclaire. On finit par les voir marcher côte à côte sous fond de musique amusante. Cette scène détend la tension qui sous-tend souvent ce film.

Le brio de Ronny Yu dans The Saviour est de nous servir une œuvre riche en nuance qui joue autant sur les genres que sur les attentes du public sans pour autant desservir l’intrigue. Dans The Saviour souvent les images sont une richesse des plus picturales et restituent parfois à merveille le caractère effréné de l’action voire parfois restitue les émotions des personnages nous permettant de ressentir pour eux de l’empathie.

On passe en un clin d’œil d’une atmosphère joyeuse à une séquence plus dramatique. On aperçoit un gros plan sur des chaussures marchant dans une flaque, il croise notre héros. On suit cette personne jusque dans un immeuble. La scène nous est présentée parfois par l’entremise de la caméra subjective. L’homme sonne à une porte et semble ranger une annonce dans sa poche.

Une femme l’invite à entrer on devine que c’est une prostituée et que nous sommes vu la façon de filmer en présence du tueur. S’ensuit une vue d’ensemble du couloir de l’immeuble. La musique se fait dissonante, nous en déduisons qu’un drame est en train de se dérouler dans l’appartement, sûrement un meurtre.

The Saviour enchaîne sur un plan plus exactement un gros plan d’un couteau ensanglanté qu’on immerge dans l’eau afin de le nettoyer. Le choix de l’angle de prise de vue est des plus importants, la caméra semble immergée. Le tueur nettoie scrupuleusement son couteau. Ronny Yu joue de nouveau avec les attentes du public, nous n’avons toujours pas vu le visage du tueur. Nous avons juste entendu sa voix.

On entend ensuite un sifflement, un homme pénètre dans un appartement obscur. Nous en déduisons qu’il s’agit du même lieu. Cet homme est le mac de la fille. Sans réponse il décide d’entrer dans la chambre plongée dans les ténèbres. L’homme embrasse la fille, on entend un son de dégoût. Il porte la main à sa bouche, puis allume la lampe de chevet. Suis un plan sur le miroir, on y voit le reflet de l’homme les lèvres rouges de sang, puis il fixe sa main effrayée. La musique se fait dissonante. La fille nous tourne le dos, nous ne voyons pas son visage, l’homme finit par le voir et hurle. Raccord sur les flashes des photographes de la police qui photographie la scène du crime. Le légiste fait remarquer « les blessures sont identiques aux autres meurtres de prostitués. A mon avis c’est un psychopathe ».

Le commissaire fait son apparition sur son 31. La relation entre Tom et ce dernier semble des plus conflictuelle. On a l’impression qu’il a du mal avec l’autorité, son côté franc-tireur tape sur le système du commissaire. Ce dernier le prend à partie « vous êtes content maintenant c’est le 3e cas (à bout de nerf il souligne le chiffre de ses doigts) vous me faites passer pour un demeurer. Vous êtes la cause de tous les problèmes dans mon service ». La réponse de Tom ne tarde pas, il lui répond avec aplomb « à vous agiter comme ça on va trouver vos empreintes partout ». Entrainant le départ du commissaire qui ne trouve rien à redire.

The Saviour introduit ensuite un autre personnage important. Une femme cherche la brigade criminelle, plus exactement Tom qu’elle croise dans le couloir sans le voir. La femme va dans le bureau qu’il partage avec Charles. Énervée et à bout de patience, elle s’en prend à lui qu’elle pense être l’inspecteur Tom.  La jeune femme les accuse de ne pas prendre au sérieux le meurtre de son amie car cette dernière était une prostituée. Charles lui fait gentiment observer que Tom se trouve derrière elle. A sa vue, la femme se calme, il la rassure en lui-disant que le nécessaire sera fait tout en lui donnant sa carte au cas où elle se rappellerai d’un détail. Leurs rencontres vont se multiplier jusqu’à ce qu’ils finissent par tomber amoureux.

The Saviour de Ronny Yu arrive à instaurer et à nous faire ressentir une multitude d’émotion avec ses séquences parfois émouvantes, parfois hilarantes sous fond d’une intense tension entraînée par la traque du serial killer.

Un nouveau personnage nous est ensuite introduit : Paul. On le voit dans un premier temps en train de manger avec son père chacun à un bout d’une grande table. Ils ne semblent pas proches bien au contraire. Paul parait mal à l’aise son père lui parle violemment sans vraiment de raison « tu t’enfermes dans ta chambre toute la journée, tu n’as pas d’ami », « tout comme ta mère, tu es insupportable ». Juste avant de quitter la pièce son père enfance le clou en lui disant « c’est sa faute si ta mère est morte ». La main de Paul se crispe.

La caméra zoom ou se rapproche de Paul plus exactement de son visage. On entend une musique. Ronny Yu nous fait pénétrer dans le subconscient de ce garçon introduisant un flashback. On y voit Paul à la même place, mais enfant et en pyjama. Il entend un bruit et se dirige vers sa source.

En regardant, dans une chambre Paul voit un couple faire l’amour. Une femme des plus agitée l’attrape « tu n’as rien vu Paul rien », lui la contredit « j’ai vu papa avec une femme ». La mère s’écarte violemment « non une putain ». La musique se fait plus étrange emphatique, reflet du trouble de la mère « je le savais, je le savais ». Elle s’assoit devant une sorte d’autel comportant une vierge et un cierge. Son regard se fait lointain « Paul maman s’en va, tu vas lui manquer ». On assiste à une succession de plans sur le petit qui face à cette scène se recroqueville. Paul regarde impuissant sa mère se trancher la gorge, on voit un geyser de sang assez pictural dans la façon de filmer. Les dernières paroles de celle-ci resteront graver dans sa mémoire « ces femmes ce sont des ordures », « n’oublie pas ce sont les putains qui m’ont tué ». On vient de voir le traumatisme ayant entraîné ses tendances aux meurtres. Nous n’avons plus de doute nous sommes confrontés au serial killer.

Paul semble de plus en plus névrosé, atteindre un paroxysme dans la violence de ses crimes. Les éclaboussures de sang sont parfois d’une grande picturalité. Les scènes de crimes se font de plus en plus violente, brouillon des plus sanglantes. Elles rappellent le style des Giallo dans l’action ainsi que dans la façon de filmer. La succession de plans assez accélérée durant un de ses crimes semble souligner la frénésie qui s’empare du tueur qui semble de plus en plus perdre pied.

Devant le piétinement de l’enquête le commissaire lance un ultimatum à Tom. Si cela n’avance pas « il va devoir prendre des mesures ». Les techniques de Tom et de Charles sont souvent des plus musclées voire frôlent l’intimidation. Tom impulsif est prêt à tout pour coincer le tueur. Comme le laisse si bien présager le titre du VHS en France : La Justice d’un flic. Il ira jusqu’à impliquer sa copine qui va lui servir d’appât. L’inspecteur risque de se brûler les ailes ou d’aller trop loin afin d’arriver à ses fins.

Comme souvent dans ce chef-d’œuvre de Ronny Yu proposé en version collector par Spectrum Films, le réalisateur joue sur les attentes du spectateur. Quand l’inspecteur et son coéquipier se plaignent que l’enquête n’avance pas Ronny Yu associe un court instant le visage de Tom et de Paul sur le même plan. Ce dernier attend un taxi derrière le policier. On peut y voir si l’on peut dire un côté assez amusant quand tout deux disent « j’aimerais bien le croiser » en parlant du tueur c’est le cas sans qu’ils le sachent.

Spectrum Films vous invite à pénétrer dans un polar percutant haut en couleur qui ne fait pas dans la dentelle datant des années 80. The Saviour est un film brutal, efficace mettant en scène un inspecteur franc-tireur prêt à tout pour résoudre son enquête. Ce film est aussi bien plus que cela et joue sur plusieurs genres en instaurant des pauses dans la tension qui sous-tend ce film.

La couverture de cette édition collector est des plus parlante. On y voit au premier plan, une main tenant un pistolet. Le nom du réalisateur est inscrit sur le canon du flingue. Les douilles semblent pleuvoir. Nous donnant l’idée d’un polar punchy ou les flingues parlent.

Vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer et vous suivrez avec passion l’intrigue de ses films, de même que l’évolution des personnages. Afin de poursuivre votre plongée dans The Saviour et dans l’univers du réalisateur. Laissez-vous séduire par les bonus présents dans les dvd et blu-ray de cette édition collector proposé par Spectrum Films. Vous y retrouverez entre autres une présentation du film par Arnaud Lanuque, Ronny Yu par Julien Sévéon, Stéroids le podcast sur The Saviour par l’équipe de Capture mag.

Prenez par l’enquête palpitante et oppressante d’un policier en quête de justice dans The Saviour de Ronny Yu en Édition Collector chez Spectrum Films

The Saviour de Ronny Yu. Édition Collector incluant un Blu-ray et un DVD. Spectrum Films. Prix : 20 €

Pour plus d’info/ Vente en ligne : https://www.spectrumfilms.fr/

Rédactrice freelance, Pigiste

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