Culture

Apprenez à craindre l’obscurité où se cache les croque-mitaines et l’horreur avec Carnage de Tony Maylan

Tout commence au Camp Blackfoot, par une blague d’adolescents qui planifient leur revanche contre un de leur moniteur Crospy. La farce tourne au drame et Crospy est gravement brûlé et atrocement défiguré.

5 ans plus tard, sa soif de vengeance n’a plus de limites. Crospy sort de l’hôpital et il a bien l’intention de se venger….

 

Culte. Oppressant. Sanglant. Voici les termes qui caractérisent le mieux ce chef-d’œuvre de Tony Maylan: Carnage. Vous aurez la possibilité de rattraper votre retard en découvrant actuellement au cinéma ce grand classique restauré du Slasher movie des années 80.

L’affiche de Carnage donne déjà le ton de ce film d’horreur qui semble déjà plein de promesses. La couleur dominante au cœur de l’obscurité est le rouge celui du sang. Ce qui promet un film bien sanglant.

Sur l’affiche, le sang dégouline des cisailles, élément clef du film et de l’affiche: il s’agit de l’arme du crime quasi omniprésente. Cet écoulement forme une rivière de sang sur laquelle vogue des canoës contenant les adolescents.

Cette scène est surplombée par une silhouette inquiétante et menaçante entourée par l’obscurité: Crospy. Cela donne l’idée d’une menace qui pèse sur eux comme c’est le cas tout au long de Carnage où il veille dans l’ombre. On dirait presque une sorte de marionnettiste démoniaque dont les cisailles seraient les fils et les adolescents les marionnettes ou plus exactement l’objet de sa vengeance.

Une lumière rougeâtre, sanglante des plus inquiétantes éclaire doucement Crospy. Son visage est à demi-masqué, on devine l’horreur de ce visage que l’on ne fait qu’entrevoir.

Le titre original du film est aussi des plus explicites: The Burning qui renvoie au calvaire qu’à enduré Crospy. Carnage de Tony Maylam est un pur chef-d’œuvre du genre Slasher Movie, le réalisateur joue sur les attentes du public, la création de l’angoisse,…. Il a compris que c’est en cela qu’on reconnaît un chef-d’œuvre, non pas par l’étalage d’effets spéciaux qui parfois échouent en montrant trop tôt l’être de cauchemar sans laisser place à l’imagination du spectateur, mais par une bonne ambiance oppressante et angoissante et un monstre qui n’est pas visible de suite.

Dans Carnage, quand la blague cruelle tourne mal et que Crospy prend feu, la musque devient angoissante. Elle deviendra ensuite son leitmotiv annonçant sa présence quand il est tapis dans l’ombre ou quand il passe à l’action.

Crospy, le croque-mitaine, le monstre qui persécutait et effrayait les adolescents par son attitude est déshumanisé une fois le drame arrivé. Il est même vu par une partie du personnel médical comme un monstre voire un monstre de foire à voir pour faire ses preuves. On apercevra juste un bras plus que brûler attraper celui de l’aide-soignant moqueur.

A sa sortie de l’hôpital 5 ans plus tard, on lui apprend une terrible nouvelle, la greffe de peau n’a pas pris. Puis deux voix hors-champs s’adressent à lui dans des propos qui résonnent à nos oreilles et semblent presque avoir une valeur prophétique, comme cela sera le cas plusieurs fois dans le film, ici: «C’était un accident», «Oubliez votre haine, votre désir de vengeance…». La musique angoissante apparaît.

Carnage de Tony Maylam est selon moi l’incarnation parfaite d’un bon film d’horreur. La créature de cauchemar ne nous est pas montrée de suite, sa présence est suggérée: caméra subjective quand Crospy est en train d’observer ses futures victimes, dissimulé dans l’ombre, la nuit et en partie par ses habits, bruit de ses battements de cœurs dont le son trouve un prolongement dans la musique, parquet qui grince,….

Ainsi dans les premiers plans qui suivent sa sortie de l’hôpital. On peut voir des plans sur ses jambes, vue de dos,… puis alternance de raccord regard sur les lieux de débauche la nuit. Puis on bascule en caméra subjective comme souvent dans ce film, le battement de son cœur est repris par la musique qui s’emballe.

On observe une mutation du réalisme avec le brouillard, les éclairs qui troublent la nuit, l’extérieur semble contaminé par ce qui se passe dans la chambre. On a presque l’impression et on l’aura souvent dans carnage de Tony Maylam que Crospy est créé, naît de l’obscurité: être de cauchemar tapi dans l’ombre et prêt à frapper.

Nous abandonnons ensuite la ville pour le grand air et le camp de vacances. On voit une opposition entre les plans précédents leur univers d’obscurité et de mort peuplé de silence opposé au chant des oiseaux, la lumière, les rires et l’insouciance du camp de vacances, mais tapis dans l’ombre le mal rôde. Le leitmotiv du tueur revient et entraîne une mutation du réalisme les autres sons semblent atténués.

Les effets spéciaux de Carnage peuvent sembler parfois un peu Kitsch par rapport à ceux de maintenant, mais cela est largement racheté par l’ambiance. Le monstre, l’horreur est suggérée. Il vous faudra être patient pour voir l’assassin.

Tony Maylam joue avec les attentes du public, nous sommes toujours amenés à être sur le qui-vive, la menace pèse on ne sait pas quand le tueur va frapper.

Le scénario à l’origine de Carnage est basé sur une histoire terrifiante qu’on se raconte au coin du feu la nuit, lieu propice aux frayeurs et à l’imagination. On retrouve cette idée dans Carnage, la créature est mise en scène devant un parterre de jeune sorte de croque-mitaine ou de légende urbaine, mais sans qu’ils le sachent la réalité rejoint la fiction. Le moniteur raconte mot pour mot les premières scènes du film, l’histoire se déroule de l’autre côté de la rive.

Crospy y était un gardien craint et détesté de tous qui était toujours muni de cisaille. Objet que l’on retrouve très souvent à l’image elle semble presque être une incarnation du tueur ou son prolongement.

La blague tourne mal, Cropsy est brûlé vif et jure «je reviendrais, j’aurais ma vengeance», cette idée prend forme tout au long du film. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Peu de temps après le jeu de massacre commence avec parfois un côté assez pictural dans certains plans où le sang éclabousse l’écran puis enchaîne fondu ou raccord rouge.

Carnage est un véritable chef-d’œuvre du genre tant par son scénario que par le travail de Tom Savini à qui on doit les maquillages et les effets spéciaux. A noter aussi le talent des acteurs débutants dans lesquels vous retrouverez certains visages que vous connaissez comme: Holly Hunter, Jason Alexander, Fisher Stevens, Ned Eisenberg.

 

Frissonnez d’horreur et tremblez de plaisir pour les fans du genre avec Carnage de Tony Maylam.

 

Carnage de Tony Maylam, Carlotta Films, avec Holly Hunter, Jason Alexander, Fisher Stevens, Ned Eisenberg….

Durée du filem : 91min

Rédactrice freelance, Pigiste

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