Culture

Confrontez-vous au problème du harcèlement scolaire dans un huis clos plus vrai que nature avec Dans les vestiaires

Dans les vestiaire de Timothé Le Boucher. Édition La Boîte à Bulles
Dans les vestiaire de Timothé Le Boucher. Édition La Boîte à Bulles

Les nouveaux vestiaires vont être le lieu propice aux harcèlements psychologiques ou plus particulièrement scolaire. Les élèves y seront tour à tour victimes ou bourreaux dans un huis clos des plus haletants.

Émouvant. Éprouvant. Voici les termes qui caractérisent le mieux Dans les vestiaires de Timothé le Boucher qui est à la fois le scénariste et l’illustrateur de cette BD proposée par La Boîte à Bulles.

Dans les vestiaires s’intéresse à un sujet d’actualité qui a de tout temps touché les jeunes, mais qui est de nos jours de plus en plus mis en lumière : le harcèlement à l’école. La bande dessinée commence au cœur de l’action. On y voit un groupe d’adolescents chahutant. Pour le moment le ton est bon enfant, ils pénètrent dans leur nouveau vestiaire. Le lieu central de ce huis clos et qui donne le nom à la BD. Ils découvrent les petites nouveautés de cet endroit par rapport à l’ancien qui ne font pas l’unanimité, car instaure un manque d’intimité.

Les jeunes découvrent entre autres les vitres opaques qui empêchent de voir dans les vestiaires. Ils sont étonnés par l’absence de casiers, mais surtout comble de l’horreur pour les garçons par les douches collectives. Ce dernier point révèle un certain malaise, des complexes vont être révélés.

 Les préjugés et blagues pas forcément de bon goût commencent à pleuvoir, mais sont souvent monnaie courante dans les groupes de jeunes « on n’est pas des PD ». Cette phrase est prononcée quand un des garçons fait remarquer que les anciens vestiaires étaient mieux avec les cabines. La prof de sport peu compréhensible voire peu impliqué, comme cela sera souvent le cas ici se moque de lui, le rabroue « pourquoi tu as des problèmes d’intimité ? ». Justement l’un des problèmes semble se situer là. Ce manque d’intimité va entraîner des complexes, amplifier le harcèlement scolaire….

Dans les vestiaires de Timothé le Boucher des Éditions La Boîte à Bulles, nous amène ensuite à faire connaissance avec Corentin. Ce dernier est l’un des personnages clés de l’histoire. Il se gratte mal à l’aise en regardant les autres se dévêtir.

Le rendu des illustrations de Timothé Le Boucher est des plus cinématographiques. Elles ont souvent recours à ce qu’on appelle au cinéma la caméra subjective voire au raccord regard. Ces figures facilitent ainsi l’empathie voire l’identification avec le personnage concerné. Nous voyons ce que Corentin observe mal à l’aise : les autres en train de se déshabiller.

Puis Corentin se dévêtit lui aussi sous les commentaires blessants de deux de ses camarades qui font partie d’un quatuor de petites teignes, pseudos tortionnaires. Leurs railleries sont des plus blessantes « je n’aimerais pas être Corentin / Tu m’étonnes/ Quand il bouge on dirait de la gelée ». Gauthier s’emporte vite, parle trop fort comme cela sera souvent le cas. Il fait ça afin d’être encore plus vexant avec sa victime qui ne peut que l’entendre et se réjouit de l’effet obtenu « tu as vu la haine dans ses yeux ». Corentin s’en va sous les quolibets et grimaces des deux garçons. Nous découvrirons qu’il est souvent la victime des attaques de ce groupe de 4.

Le brio de Timothé Le Boucher avec Dans les vestiaires est de restituer à merveille l’action à travers ses illustrations. Cette bande dessinée proposée par la Boîte à Bulles se déroule uniquement dans les vestiaires comme le dit si bien le titre. Elle restitue à merveille la cruauté des enfants de même que l’effet de groupe. Les ados sont souvent soumis durant cette période de leur vie à leurs hormones, ils découvrent leurs corps, leurs sexualités. L’un des garçons du groupe de Gauthier fait une découverte : en regardant à travers la bouche d’aération des douches ils peuvent voir les filles se dévêtir.

Dans les vestiaires donne une vision sans filtre, non embellie de l’adolescence et de ses problèmes. On peut parfois voir dans cette BD des images crues : corps dénudés, érection d’un des garçons qui espionne le vestiaire des filles…

Dans cette bande dessinée de Timothé Le Boucher, nous voyons que le groupe de Bastien semble se moquer, maltraiter les autres avec plus ou moins de résultats. Leurs réflexions blessantes, humiliantes m’ont parfois fait penser aux deux vieux grincheux et acerbes du Muppet Show.

Le deuxième jeudi, seul un garçon se douche car les autres sont soi complexés, soi ils ont peur d’être la victime de moquerie. Il s’agit d’un redoublant qui se douche sous les regards scrutateurs de Gauthier et de ses sbires.

L’un d’eux Bastien suite à un pari va demander à un roux si ses poils sont roux. Nicolas, ce dernier à trouver la meilleure réponse à cette attaque gratuite le rire et la répartie « Tu verras ça… » laissant présager que Bastien pourra vérifier par lui-même quand Nicolas prendra sa douche. Cela sera se produira un peu plus tard dans cette BD proposée par La Boîte à Bulles. Leur blague de mauvais goût se retourne gentiment contre eux quand Nicolas une fois sorti de la douche se fou à poil devant le groupe des quatre harpies. Il leur demande sous leurs regards dégoûtés, horrifiés « si tous ses poils sont roux ». Mais sa meilleure revanche est de leur faire observer qu’à force de ne pas se doucher « ils sont trop dégueu ». Car ce groupe de petites frappes va mettre du temps à se doucher par peur du regard des autres et de leurs réflexions voire car ils sont effrayés à l’idée que les places soient échangées et d’être eux-mêmes les victimes de railleries.

Revenons au pari précédemment cité. Le but de celui-ci est de donner une phrase type à l’un des participants qui doit la dire à une cible en particulier. Sans grande surprise la victime attitrée de Gautier et de son groupe n’est autre que Corentin. La blague va trop loin ce dernier finit par se rebeller et se jette sur Gautier qui le balance à terre, en lui balançant des coups tout en lui disant « tu ne me parles pas comme ça/ tu as compris gros tas » sorte de jeune coq dont l’égo a été mis à mal. Même l’un de ses sbires trouve qu’il a été beaucoup trop loin, qu’il s’est trop énervé.

Un peu plus tard dans Dans les vestiaires quand la prof de sport arrive, nous pouvons apercevoir Corentin sortir précipitamment des toilettes. Il court vers la prof peut être dans l’idée de chercher sa protection, son aide. Loin d’être d’un grand secours, elle se montre à nouveau insensible voire limite aussi insultante que les garçons même si apriori les motifs ne sont pas les mêmes « Tu es déjà essoufflé (…) Il faut te remuer sinon tu vas rester comme ça toute ta vie ». Ces propos renforcent le mal-être de Corentin et le coupe si on peut dire dans son élan.

Si le sujet de Dans les vestiaires de Timothé Le Boucher, ne vous semble pas inconnu rien d’étonnant. Vous avez peut-être été victime de ce type d’harcèlement, ce sujet fait écho en vous ou vous avez peut-être été juste un observateur voire un bourreau. Une chose est sûre vous ne pourrez pas rester indifférent face à un tel sujet qui demeure malheureusement d’actualité.

Dans cette BD proposée par La Boîte à Bulles la 3ème journée, nous apprend que dans l’établissement ou tout au moins dans les vestiaires il y a une dominance des marques. Les petites frappes si on peut dire font partie de la caste la plus haute et imposent leurs lois « Regarde les amis des mecs comme Amaury, Gautier (…) Ils ont que des marques ». Mais cela ne fait pas tout car comme nous l’explique ses deux spectateurs inactifs que nous reverrons de temps en temps la place dans la hiérarchie prévaut « si tu ne sais pas t’habiller comme Corentin. T’as quand même l’air d’un gros naze ». Le pauvre garçon semble décidément en bas de la hiérarchie et la victime toute désignée.

Cela sera malheureusement confirmé plus loin dans Dans les vestiaires et cela par les deux mêmes observateurs. Corentin est connu comme étant le souffre-douleur. Ils nous apprennent que si le pauvre garçon craque en tant que plus bas échelon de la hiérarchie, les autres devront se battre pour ne pas prendre sa place et descendre de caste. Ce constat est fait froidement. Tous deux sont épiés par une fille à travers une vitre opaque.

Dans Dans les vestiaires de Timothé Le Boucher la violence des attaques va crescendo et nous laisse présager le pire. Il en va de même pour les blessures tout au moins psychologiques que Corentin a subi. On le voit souvent en larmes.

Cette BD au Éditions La Boite à bulles nous révèle les problèmes cachés derrière les portes des vestiaires. L’idée d’effet de meute est parfaitement illustrée dans une scène de cette BD. Corentin se retrouve seul avec un garçon du groupe qui le persécute : Amaury. Ce dernier a oublié son sac.

Comme cela est malheureusement souvent le cas dans la réalité, une fois seul Amaury n’est plus une menace. Il dit à Corentin « Tu sais/ Je trouve ça dégueulasse ce qu’ils te font ». Amaury n’est plus sous le coup de l’effet de meute, car quand il est avec les autres Amaury ne bouge pas le moindre petit doigt bien au contraire. Une fois seul Amaury témoigne de l’empathie pour Corentin tout au moins un court instant, car l’effet de groupe prévaut. Il défend ses amis ceux qui se montrent les plus cruels avec Corentin « tu sais ils ne sont pas si méchants », « je m’excuse pour eux ».

Dans cette bande dessinée des Éditions La Boîte à bulles, nous voyons plusieurs fois la scène en caméra subjective, quelqu’un observe à travers les vitres opaques vers l’extérieur. On ne sait pas s’il se cache ou s’il épie, ni de qui il s’agit.

Dans les vestiaires de Timothé Le Boucher est assez fidèle à la réalité du harcèlement psychologique à l’école. Il illustre à merveille la cruauté des enfants ainsi que leur complexité. Même le meneur et le plus cruel du groupe Gautier souffre aussi d’un complexe.

 On peut être tenté de se demander si comme souvent dans ce cas de figure ces pseudo monstres n’attaquent pas les plus faibles, car eux-mêmes sont complexés et veulent détourner l’attention vers une autre victime. Ainsi lors d’une scène dans les douches tous s’y retrouvent, s’amusent gentiment innocemment avant de basculer à nouveau dans la cruauté et les brimades.

 Cette fois-ci c’est Gautier qui va être visé, il tente de cacher son sexe derrière tout ce qu’il peut. On sent un mal-être, un complexe et étonnamment au moins pour un moment Gautier nous semble moins antipathique. Les autres le prennent à parti « ta peur de la montrer » et veulent le forcer à retirer sa main.

Gautier détourne l’attention vers Corentin le souffre-douleur attitré. Le groupe finit par aller le chercher et à le trainer sous la douche tout en le déshabillant à moitié. Ils l’humilient lui balance leurs gels douche sous le regard horrifié d’une jeune fille qui les espionne à travers la bouche d’aération.

La violence de la scène est restituée à la perfection par les illustrations dans une scène des plus choquante. Corentin est harcelé tous semblent se liguer contre lui. La violence a atteint un autre niveau. On s’attend au pire et l’on devine qu’à tout moment cela risque de mal finir. Comme souvent personne n’intervient pour protéger Corentin, même les adultes sont incapables de réagir face à ce type de problème. La prof est indifférente ne voit rien plus ou moins intentionnellement, laissant le souffre-douleur à son malheur.

Dans les vestiaires de Timothé Le Boucher, nous montre sans filtre la violence scolaire. Suite à un retournement de situation, les cartes vont être redistribuées, mais le harcèlement a toujours lieu, même si la victime change.

Vous ne pourrez pas rester insensible à ce sujet d’actualité, cette BD nous plonge en immersion totale dans le problème du harcèlement scolaire. Un sujet qui nous a plus ou moins touché voire qui touche peut-être vos enfants, il vous sensibilisera peut-être plus au ressentit de vos enfants. Cette œuvre proposée par La Boîte à Bulles nous donne un témoignage authentique sur la puberté et les problèmes rencontrés à cette époque.

Laissez-vous émouvoir par Dans les vestiaires une BD des plus fascinantes sur le harcèlement scolaire.  

Dans les vestiaires scénario et dessin de Timothé Le Boucher. Edition La Boîte à bulles.

Prix : 20€

Pour plus d’info/ vente en ligne : https://www.la-boite-a-bulles.com/profilId/912

Rédactrice freelance, Pigiste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Protected by WP Anti Spam