Culture

Découvrez ou redécouvrez pour votre plus grand plaisir des films culte grâce à la sélection Make my day de Studio Canal

Coffret Make My Day de Jean-Thoret. Studio Canal. Bright et And Soon The Darkness.
Coffret Make My Day. Studio Canal. Bright et And Soon The Darkness. Photo: Philippe Lim

Studio Canal a laissé libre court à Jean-Baptiste Thoret pour diriger la collection de DVD Make my day. Vous y trouverez des films qui ont en commun sa volonté de les défendre et de les faire découvrir.

Commencez votre odyssée au cœur du cinéma avec le coffret de DVD proposé par Studio Canal contenant deux films d’horreur, thriller, slasher movie qui ont posé les bases du genre. Pour ma part, certains passages m’ont rappelé les règles de survie énoncées par Randy dans Scream: ne pas perdre sa virginité, ne jamais dire au revoir….

Ce coffret de la collection Make my day comprends deux films culte des plus captivants, même si pour certain ils peuvent avoir un petit côté désuet, kitch. Il est certains qu’on reconnaît la pâte des années 70, mais le résultat reste là.

Vous trouverez dans ce coffret des Studio Canal deux films sous forme de DVD ou Blue Ray, il ne vous restera plus qu’à choisir par lequel commencer. Pour ma part, j’ai débuté ma séance cinéma par Fright de Robert Fuest. Ce film suit une jeune femme, Amanda, engagée par un couple pour être la baby-sitter de leur fils dans une maison isolée des plus angoissantes.

Les parents semblent cacher quelque chose. Une atmosphère inquiétante est distillée dans Fright, le réalisateur joue sur les attentes du public. Il en sera de même avec le deuxième film qui compose ce coffret de la collection Make my day.

Fright donne le ton dès la première scène : on y voit un bus déposer une jeune fille au cœur de l’obscurité la plus totale dans un endroit des plus isolé. Nous voyons cette scène à travers la grille de la propriété, on aperçoit en bas de l’image les piques de celle-ci. Cette façon de filmer instaure une sensation d’inquiétante étrangeté, on a l’impression que quelqu’un la surveille et qu’il s’agit d’une caméra subjective. Une menace semble planer sur Amanda, sur ce lieu.

Cette sensation se renforce plus nous avançons dans Fright, la jeune fille passe à travers un parc angoissant qui semble presque à l’abandon. L’endroit nous apparaît hostile. La sensation d’inquiétante étrangeté trouve son incarnation dans la brume qui envahit les lieux. On voit parfois Amanda à travers les branches des arbres du parc donnant à nouveau l’idée de caméra subjective et que quelqu’un l’observe.

Ces premiers plans donnent l’impression que Fright de Robert Fuest nous entraîne dans l’univers des films d’horreur. Cette idée d’une menace qui plane semble confirmée par l’attitude de Mme Lloyd qui nous apparaît dès sa première apparition comme une femme aux aguets, stressée, inquiète. La porte possède plusieurs verrous, Mme Lloyd ne peut s’empêcher d’y jeter un regard anxieux une fois qu’elle a fait rentrer Amanda afin de vérifier que la porte est bien verrouillée.

Dans Fright la femme nous apparaît toujours tendu, à bout de nerf voire surprotectrice à l’égard de son fils. Cela sera souligné tout au long du film de Robert Fuest, ainsi quand le couple s’apprête à partir, Mme Lloyd insiste « N’hésitez pas à appeler si besoin », « je n’ai pas l’habitude de le laisser seul » cela semble être l’attitude d’une mère inquiète voire d’une femme au bord de la crise de nerf. L’idée de menace est toujours présente avant de partir la mère toujours aussi anxieuse précise « Il y a un verrou en haut si vous avez besoin ».

L’impression d’inquiétante étrangeté, la sensation d’angoisse semble s’incarner dans la maison elle-même. Elle est imposante voire comme le dit si bien le maître des lieux « un peu lugubre ». La maison pourrait trouver sa place dans un film d’horreur comme cela sera souvent évoqué de façon plus ou moins explicite tout au long de Fright.

Le visage de Mme Lloyd nous apparaît tendu quand elle décrit ce lieu « trop calme », car isolé. Son mari Jim insiste sur ce point « vous n’entendrez rien ici, si ce n’est le passage d’un fantôme ».

Nous sommes à nouveau orientés vers le genre du film d’horreur, à ces mots nous assistons à un échange de regard anxieux entre l’homme et la femme qui semblent cacher quelque chose. Dans un plan dans leur voiture, nous assistons à un échange tendu entre le couple renforçant l’idée de secret « Tu crois qu’elle sait ? / Quoi ? / Tout… ».

Fright distille une atmosphère inquiétante propre au film d’horreur cela dès le début, cela est renforcé par les bruits étranges propre aux vieilles maisons, mais qui semble amplifiés ici car la maison est vide. La cuisine nous apparaît à son tour comme un lieu des plus inquiétants avec ces jouets abandonnés (poupée mutilée, …) et ses bruits suspects entre autres : bouilloire sifflante, goutte d’eau tombant dans l’évier. Le temps d’un court instant on aperçoit un visage l’observer de l’extérieur.

Tous ces bruits commencent à la perturber, surtout un qu’elle n’arrive pas à identifier. Amanda pousse un cri strident, la caméra se centre sur son visage. Ce plan arrivera souvent faisant d’elle la première ou l’ancêtre des Scream Queen.

Nous découvrons qu’Amanda c’est juste pris le linge qui sêche dans le visage, elle identifie la source du bruit. La tension se relâche au moins un court instant. Une fois qu’Amanda rentre nous apercevons une ombre qui se rapproche de la porte de cuisine, puis semble faire le tour de la maison.

Robert Fuest dans Fright distille avec soin du suspens tout au long de ce film créant une tension plus ou moins intense qui joue sur les attentes du public. Amanda s’installe dans le bureau pour y lire le journal. Elle commence à se détendre quand tout à coup la lumière s’éteint. Amanda commence à s’inquiéter, des bruits de pas se rapprochent de la porte close. On assiste à une alternance de plans sur la porte et le visage crispé d’Amanda, quand tout à coup la porte s’ouvre. La tension se relâche. C’est le petit, la lumière revient. Nous apercevons à nouveau un visage a la fenêtre qui l’observe. Amanda comme cela sera souvent le cas crie de surprise

La façon de filmer, le découpage des plans du réalisateur font de Fright un véritable chef-d’œuvre. Pendant ce temps nos soupçons se renforcent concernant le couple qui décidément semble bien avoir quelque chose à se reprocher ou tout au moins avoir un poids sur la conscience. « Tu n’aurais pas dû parler du fantôme/ C’est une jeune fille censée, elle ne sera pas effrayée » réponse de sa femme « moi je le suis » gros plan sur son visage anxieux.

Puis raccord sur le visage effrayé d’Amanda démentant les propos de Jim. Une ombre se rapproche de la porte d’entrée, quand elle demande qui c’est une voix étrange lui répond « c’est moi » puis plus sérieusement « c’est moi Chris ». La tension retombe c’est le petit ami d’Amanda. On voit le visage de Chris à travers la vitre de la porte « Je supposes que tu trouves ça drôle ? / Quoi ? / Roder autour de la maison pour me faire peur / De quoi tu parles ? »

Fright peut nous apparaître comme un conte moderne où les mises en garde et les interdits ne sont pas suivis, comme cela est souvent le cas dans les films d’horreur. Le réalisateur sème le doute, le suspens en jouant sur les attentes du public alternant des moments de tension, d’angoisse et d’autres de détente. Avec ce film vous ne savez pas à quoi vous attendre et devrez rester sur le qui-vive.

Le petit copain est lourd une fois à l’intérieur, tout ce qu’il veut c’est arriver à ses fins à savoir : faire perdre sa virginité à Amanda. Chris s’amuse à terrifier la jeune fille en parlant entre autres de film d’horreur qu’il décrit en détail à Amanda qui lui répète plusieurs fois « ça suffit ». Il renforce notre impression que nous nous trouvons dans un film d’horreur « Quelle baraque pourrie. On pourrait y tourner un film d’horreur » terrifiant la jeune fille « Cesse de me faire peur ». Chris se cache derrière une plante et prend une voix angoissante « c’était sûrement ton imagination ». Amanda des plus effrayée à la limite de l’hystérie « c’est vraiment ton truc de faire peur aux gens » à défaut cela semble être celui du réalisateur.

Puis Chris change de technique et finit par lui dire que c’est peut-être « le vrai mari de Mme Lloyd ». On retrouve ensuite un thème cher aux films d’horreur ou aux légendes urbaines « Le vrai mari est à l’asile », « c’est un barge, il a tenté de la tuer ».

La menace semble se préciser et le fantôme être tout autre que celui dont on pensait. On suit le couple au bar « Brian (l’ancien mari) n’est pas un fantôme », selon l’ami du couple « on craint que ce qu’on cache, pas ce qu’on accepte ». Il s’avère que cet homme est un fou paranoïaque qui nourrit une obsession pour sa femme.

Retour à la maison où Amanda et Chris se lancent dans un flirt plus poussé. On voit la main de Chris remonter doucement le long de la cuisse de la jeune fille. Le téléphone sonne. Sauvé par le gong, il s’agit de la mère. Chris fait le fou en arrière-plan confirmant qu’il ne prend rien au sérieux.

A de multiples reprises, Robert Fuest dans Fright nous envoi pour notre plus grand plaisir sur de mauvaises pistes. On ne sait pas avec exactitude si nous regardons un film d’horreur ou un slasher movie. La menace se rapproche de plus en plus, Amanda cherche à s’enfuir quand elle ouvre la porte le corps de Chris lui tombe dans les bras.  Gros plan de nouveau sur le visage hurlant d’Amanda. Un homme sorti de nulle part lui propose son aide. Imprudente, trop confiante tout comme nous le verrons dans And Soon The Darkness, Amanda laisse pénétrer un inconnu chez elle.

Justement dans ces deuxièmes films présents dans le coffret Make my day proposé par Studio Canal, nous suivons deux jeunes infirmières anglaises, une blonde et l’autre brune partent dans un road trip à vélo à travers la France en passant par les routes de campagne. Elles décident sur un coup de tête de se séparer, l’une des deux disparaît.

And Soon the darkness s’ouvre sur un plan illustrant parfaitement l’insouciance de leur voyage : musique guillerette, couleur acidulée. Mais tout ne semble qu’illusoire, les routes sont monotones, les paysages se ressemblent tous, ce qui entraînent l’ennui de la blonde qui se désespère.

Les deux personnages principaux d’And soon the darkness ont des caractères plus que différents : la brune est sérieuse, posée tandis que la blonde est plus évaporée, plus superficielle. Au cours d’une de leurs haltes cette dernière repère un mystérieux inconnu, beau ténébreux attablé seul que Cathy trouve à son goût.

Il semble les surveiller et prend des accents inquiétants. L’homme les suit des yeux quand elles partent. On voit dans un gros pan un pied enclencher le démarreur d’un scooter. On découvre que c’est l’homme du café qui prend la même direction qu’elles.

Peter Collinson joue comme le réalisateur du premier film sur les attentes du public. L’homme les rattrape puis les dépasse au grand regret de Cathy (la blonde). Elle s’anime quand Cathy voit l’homme adossé contre un mur plus loin qui semble les suivre des yeux. Ses propos semblent lourds de sens et cela bien malgré elle « Tu crois qu’il nous suit ? / Non, il était là avant nous ».

La musique se fait d’un coup plus inquiétante quand l’homme passe la grille. La menace semble se préciser, il vient de pénétrer dans un cimetière. On voit son ombre se projeter sur la tombe d’une jeune fille blonde, on a l’impression qu’il est en train de se recueillir. Cette scène semble être de mauvais augures.

Cet homme donne l’impression de les suivre et cela à de multiples reprises. Le réalisateur joue à nouveau sur les attentes du public, les jeunes filles entendent un bruit de moteur se rapprocher, elles pensent que c’est le beau ténébreux, mais il n’en est rien.

Cathy prend une décision qui pourra se révéler fatidique et certainement de mauvais augures. Dans beaucoup de contes et certains films d’horreur dont le Loup-garou de Londres, il s’avère souvent néfaste de quitter le sentier, le chemin pour s’aventurer dans l’inconnu, la nature donnant l’idée de rupture d’un interdit.

Cathy décide de quitter la route pour faire une pause dans les bois. On retrouve comme souvent dans les contes la figure de la mise en garde dans les propos de Jane (la brune) plus sérieuse « on ne peut pas rester ici, on est loin de tout », « je n’ai pas envie de rouler de nuit ». Au regard des motifs de Cathy énumérés par Jane, la blonde nous apparaît vraiment comme évaporé « Je comprends tu veux retrouver ce type/ Je n’ai pas fait vœu de chasteté ». S’ensuit une dispute menant à leur séparation, Jane chemine seule.

L’idée de menace apparaît étape par étape dans And Soon the darkness tout comme dans Fright le réalisateur sait la distiller. Cathy commence à regretter son choix et finit par lancer des regards inquiets des deux côtés de la route des plus déserte.

Jane pendant ce temps s’arrête à l’épicerie « La mal tournée » dont le nom semble bien trouvé voire prémonitoire. Elle prend place à une table et fixe la route attendant son amie.

L’épicière préoccupée la met en garde « vous êtes seule ? », « vous ne devriez pas voyager seule par ici », « cette route à mauvaise réputation », « bad route » répété plusieurs fois.

La menace semble se rapprocher voire se concrétiser, ce qui est confirmé quand on passe aux plans consacrés à Cathy. On a une vue d’elle en caméra subjective, quelqu’un l’épie à travers les branchages.  Cathy semble de plus en plus anxieuse, la menace finira par venir de derrière elle. Hors champs, la musique se fait plus stridente quand le tueur passe à l’action.

L’homme mystérieux se fait de plus en plus présent, Jane oublie toute prudence et lui fait confiance quand il lui propose son aide.

Dans And Soon the Darkness Peter Collinson multiplie les fausses pistes et des personnages qui semblent tous cacher une part d’ombre voire faire de parfaits suspects. Une cliente du restaurant où Paul, le mystérieux inconnu, laisse Jane lui apprend « que le meurtre s’est passé, il y a trois ans environ à peu près à la même date ».

La femme caractérise ce crime « d’affaire répugnante » en parlant de la victime « elle était jeune et belle, elles le sont toujours », « elle l’avait bien cherché. Seule sur la route. Une touriste qui faisait du stop », puis à nouveau « une affaire répugnante ». Ses propos associés à son regard froid semblent prendre des accents lugubres, inquiétants entre la menace et la mise en garde. La majorité des personnages agissent de façon suspectes, mystérieuses ce qui en fait d’hypothétique suspect.

Les deux DVD de ce coffret des Editions Studio Canal semblent posséder plusieurs points communs, lignes directives communes faisant de ces œuvres des films culte. On pourrait être tenté d’y voir des contes modernes : éviter de faire confiance aux inconnus, ne pas rompre les interdits, suivre les mises en garde.

Ce coffret de la collection Make my day proposé par Jean-Baptiste Thoret a su captiver mon attention par son sujet. Ayant suivie ses cours sur le cinéma des années 70 à Jussieu il y a plusieurs années de cela, j’ai donc voulu découvrir les films qu’il nous recommandait dans cette collection. Vous pourrez si vous en avez envie entre autres bonus avoir la possibilité de visionner le film avec les commentaires de Jean-Baptiste Thoret.

Faites-vous plaisir en vous accordant une séance de cinéma confortablement installé chez vous grâce à la collection Make my day des Editions Studio Canal.

Coffret And Soon The Darkness/ Bright Chez Studio Canal.

Prix: 24,99 €

Rédactrice freelance, Pigiste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Protected by WP Anti Spam