Culture

Laissez-vous captiver par un drame psychologique des plus émouvants avec Je voulais juste être libre de Claire Gratias

Pourquoi Manon, 16 ans, jeune fille sans histoire c’est elle enfuit de chez elle ? Pourquoi sa mère a-t ’elle attendue si longtemps avant de signaler sa disparition ? Qui est Valentin et qu’elle est son implication de Manon ? Jusqu’à où a-t ’il accepté d’aller pour amour pour elle…

 

Captivant. Emouvant. Angoissant. Voici les termes qui caractérisent le mieux Je voulais juste être libre de Claire Gratias aux Editions Le Muscadier collection Rester Vivant.

Ce roman noir des plus envoûtants se centre sur une disparition des plus inquiétantes. Je voulais juste être libre se compose d’une succession de retranscriptions de témoignages des plus captivants centrés sur les personnages au cœur de l’enquête.

Ce livre se compose de cinq actes qui suivent le déroulement des investigations. Nous sommes amenés dans un premier temps, dans Je voulais juste être libre, à faire connaissance avec Manon à travers le regard et le témoignage de ses amis, de ses proches, de ses relations dont Salomé sa meilleure amie. Étant la plus proche de Manon c’est par elle que l’enquête commence.

Salomé nous livre le portrait d’une douce jeune fille, tyrannisée par sa mère des plus sévères voire si l’on peut dire castratrice. Elle rabaisse souvent Manon et se montre violente envers elle. Sa mère aurait frappé Manon car elle était trop maquillée tout en la traitant de « catin ». Toujours selon Salomé, la mère de Manon serait devenue méchante depuis qu’elle s’est aperçue que sa fille est belle «si tu continus à te maquiller comme ça tu finiras sur le trottoir ».

Les différents chapitres de Je voulais juste être libre se composent souvent de phrases courtes qui restituent le langage parlé en étant retranscrit avec les marques d’hésitation et différentes onomatopées « Pff… » etc…

Le format de ce roman noir des Editions le Muscadier fait qu’on le dévore plus qu’on ne le lit. Claire Gratias y aborde des sujets forts voire d’actualité sans filtre tel que la prostitution de mineur, la maltraitance d’enfants….

On ne peut que ressentir de l’empathie pour Manon, jeune fille décrite comme calme, sérieuse, dont la détresse semble échapper à la majorité des gens. Un de ses professeurs de lettres reconnait que la mère de Manon était considérée comme stricte voire très exigeante. Certains manifestent de la suspicion concernant les mauvais traitements dont elle serait victime sans chercher plus loin.

Manon, dans Je voulais juste être libre, nous apparaît comme une élève sans histoire presque effacée. Au départ on ne sait pas concrètement de quoi ces témoignages parlent. On observe juste des sous-entendus qui laissent présager un drame ainsi selon son prof de lettres il s’agit d’une « histoire effrayante », « dans ses conditions-là qui n’aurait pas craqué », « quand je pense à Manon je suis effaré de constater avec quelle rapidité (…) qu’on n’est rien vu venir. Le CPE concède que « nous étions loin de nous imaginer que nous ne verrions plus Manon ».

Ce doute sur ce qui est réellement arrivé et ses propos énigmatiques mais lourds de sens instaure du suspens. Qu’est-il arrivé à cette jeune fille ? On en vient à penser que Manon une jeune fille incomprise et en souffrance a pu fuguer suite aux mauvais traitements qu’elle subît, au mal être que Manon.

Je voulais juste être libre laisse ensuite la parole à sa mère qui nie tout comme on pouvait s’en douter nie tout sauf sa sévérité et traite la meilleure amie de sa fille Salomé de menteuse. Ses propos sont énigmatiques « si j’avais su », « jamais je ne l’aurais cru capable de… ».

Ce livre de Claire Gratias aux éditons Le Muscadier se lit facilement. On le dévore d’une traite. On voit se tisser un fils conducteur entre les interrogatoires successifs : quand une personne est citée dans un témoignage, la parole lui est souvent donné ensuite sorte de raccord entre les différents entretiens.

Toute la première partie de Je voulais juste être libre nous dresse le portrait d’une douce jeune fille bien sous tous rapports oppressée voire maltraitée par sa mère, puis tout bascule. Au cours de notre lecture, Manon se révèle être un personnage en souffrance, fragile quasiment incomprise de tous.

Théo G. accusé par la mère d’avoir manipulé sa fille nous dresse un portrait peu élogieux et peut être peu objectif de Manon, nous amenant presque à penser que la mère de la jeune fille a su le cerner. Pour lui « cette nana, j’ai tout de suite vue que c’était une fille à problèmes ».

Théo l’a invité à une soirée, pour lui Manon était un beau trophée à mettre à son tableau de chasse. Comme il le dit si bien, ce garçon était content de son intérêt pour lui, car elle était super canon et il espérait plus de cette occasion « ça allait être sa soirée ».

Puis tout commence à basculer dans le drame « c’est un peu là que ça a commencé à se gâter », « j’avais bien compris que quelque chose clochait chez elle ».

Pour Manon être désabusé, seul, en demande d’affection, ce garçon et ses belles paroles dont elle a cru le moindre mot était sa chance de salut elle avait même laissé un sac contenant « sa liberté » chez Salomé en prévision de cette soirée et de ce nouveau départ.

Face aux textos de Manon très fleurs bleues, jeune fille blessée par la vie et fragile, le garçon antre dans un premier temps dans son jeu pour arriver à ses fins. Exalté par ses messages et ses vaines promesses Manon veut s’enfuir avec lui pour enfin vivre.

Théo face à tant d’engouement est dans un premier temps mal à l’aise et fait semblant, car elle est belle et qu’il pense au regard des autres. Exaltée, Manon veut s’enfuir avec lui ce qui le braque, l’effraie et le force à tomber le masque. Théo lui avoue que tout n’est qu’illusion créant une scène devant tout le monde et surtout l’humiliant. Manon devient le centre de l’attention sous le regard captivé d’un blondinet timide qui le dévore des yeux : Valentin.

On ne peut ressentir que de l’empathie pour Manon qui perd peu à peu ses illusions, dont celui du prince charmant qui la sauverait de son enfer quotidien. Elle désenchante vite devant la dure réalité et les railleries.

Vous serez choqué par le peu de cœur, d’estime et de sensibilité de ce garçon qui dit que Manon ne lui manque pas et est limite content d’en être débarrassé. Idée partagée par l’organisateur de la soirée Ludovic qui la décrit comme « une bombe au bord de l’explosion », « une fille qui pourrit l’ambiance ». Tout comme Théo, il ne sent pas concerné par elle.

Dans Je voulais juste être libre on suit avec passion l’évolution de Manon par l’intermédiaire d’entretiens. L’auteur arrive à nous faire ressentir de l’empathie pour elle. On ne peut qu’être touché par cette jeune fille naïve, incomprise, rejetée qui est en quête de rédemption, d’amour, de liberté qui se heurte à la réalité.

On assiste impuissant à ce drame psychologique où tous restent spectateurs ou au pire rejettent la faute sur Manon. Seul l’organisateur semble manifester quelques regrets un peu tardifs qui laisset présager un malheur « c’est vrai que maintenant, je ne peux m’empêcher de me dire si j’avais su ». On peut presque être tenté de parler de non-assistance à personne en danger.

Son absence passe inaperçu, on apprendra plus tard que Manon a quitté la soirée avec Valentin, un autre être blessé par la vie, qui nourrit une obsession pour elle. Valentin est le seul à avoir vu la souffrance que Manon dissimulait aux autres. Obsession maladive, idéalisation qui sont des bases peu solides pour construire quelque chose et qui risque d’entraîner le pire.

Je voulais juste être libre de Claire Gratias édition Le Muscadier est un roman noir des plus haletants. On suit avec passion l’intrigue ou plutôt l’enquête qui est restituée à travers de courts chapitres que l’on dévore d’une traite.

Cette collection des Editions Le Muscadier porte bien son nom Rester vivant, on y observe dans ce roman la lente descente aux enfers d’une jeune fille bien sous tous rapports.

 

Laissez-vous émouvoir par Manon et suivez son parcours sur le sentier de la perdition dans Je voulais juste être libre

 

Je voulais juste être libre Edition Le Muscadier, collection Rester vivant. Prix : 13,50 €

Pour plus d’info : https://www.muscadier.fr/catalogue/je-voulais-juste-etre-libre/

Rédactrice freelance, Pigiste

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