Culture

Pénétrez à vos risques et périls dans un huis-clos des plus oppressants avec Requiem pour Miranda

Une femme découvre qu’elle est retenue contre son gré dans une pièce, livrée à la merci de ses deux bourreaux.

Une lutte psychologique s’engage entre son désir de survivre et la volonté de de ses ravisseurs la briser …

Oppressant. Haletant. Voici les termes qui caractérisent le mieux Requiem pour Miranda de Sylvain Kermichi aux Editions Les Arènes.

Ce thriller des plus captivants vous entraîne dans un huis-clos tragique entre victime et bourreaux dont personne ne sortira indemne. Sylvain Kermichi nous propose un récit où nous suivons l’action à travers les yeux successivement de la victime et des bourreaux: deux êtres perdus laissant libres court à leurs pulsions malsaines.

Ce thriller se compose de courts paragraphes d’une page à une page et demie, il entre direct dans le vif du sujet. Dans Requiem pour Miranda des Editions Les Arènes des libertés sont prises avec la chronologie. On fait de constant va et vient entre le passé et le présent décrivant à la fois ce qui la mené ici et son calvaire.

Le processus pour la briser a commencé, suit une description rapide de la victime et de son enfer: elle a les mains attachées dans le dos par une cordelette blanche, ses chevilles entravées par des menottes. Au début la jeune femme garde espoir et sait qu’elle doit résister, survivre pour son fils si elle veut le retrouver.

Dans ce thriller, les dialogues rapportés sont souvent violents. Ils imposent un rapport de force et une deshumanisation progressive de la victime «car on t’aime pas», «on a tous les droits sur toi», «tu es une fonction». Un lavage de cerveau est amorcé pour déstabiliser la jeune femme dont le 1er réflexe était de vouloir survivre « si tu veux survivre, il va falloir te soumettre».

Nous apprenons sans grandes surprises qu’ils ne souhaitent pas la libérer et lui conseillent d’oublier son fils. La victime a été enlevée chez elle par deux hommes. Au fur et à mesure de notre lecture de Requiem pour Miranda on en apprend plus sur le drame et ses protagonistes.

Les propos des bourreaux se font de plus en plus dégradants, avilissants envers leur victime «Tu es notre esclave de toutes les façons possibles» leurs speech parait bien rodé, laissant supposer qu’ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Nous apprendrons au cours de notre lecture de Requiem pour Miranda qu’il y en a eu d’autres «elle durera plus longtemps que les autres», «comme les autres avant elle».

Le calvaire ne fait que commencer pour la victime qui doit se plier à leur commandement, règlement absurdes, dégradants qui instaurent une soumission totale de la jeune femme et assoie leur supériorité.

«Toujours tu dois te tenir prête à nous servir», «Toujours tu dois être lavée, brossée (…) Jamais tu ne dois parler sauf si on t’adresse la parole. Jamais hormis dans le lit tu ne dois lever les yeux sur nous, Tes maîtres (…)» la victime se situe pour eux entre l’esclave et l’esclave sexuelle, elle est traitée comme une pièce de viande. Elle «dois toujours être maquillée, ne pas croiser les jambes, les bras sur la poitrine».

La victime doit toujours obéir sinon elle s’expose à de lourdes représailles. De plus en plus déstabilisée, la jeune femme ne sait plus où elle en n’est. Ses bourreaux ont entrepris de la briser afin de la réduire à leur merci «te briser est facile pour nous», «on ne t’aime pas» répété plusieurs fois, «ton air tes manières, tes cheveux pour qui tu te prends».

Vous assistez au cours de votre lecture à la lente descente aux enfers de la victime qui dans un premier temps manifeste une soif de vivre, de survivre des plus intenses.

La victime se tourne vers ses souvenirs, elle se rattache à eux pour ne pas sombrer dans la folie. Mais ces deux êtres de cauchemars la pourchassent aussi dans ses souvenirs.

Ils avaient prémédité leur acte. La jeune femme se rappelle les avoir déjà vus roder autour de chez elle «les voisins, les cinglés» comme le couple les surnommait. Une menace planait sur eux.

Son compagnon et elle avaient décidé de s’installer dans cette région perdue pour y trouver la tranquillité et y élever leur enfant. Celle-ci est mise à mal par les aboiements lointains des chiens de leurs charmants voisins qui envahissaient déjà leur espace, ce qui n’est pas sans rappeler l’excellent Eden Lake de James Watkins Ces deux voisins mettent fin à cette quiétude en s’introduisant chez eux et en agressant violemment le mari.

La violence de l’action, mais surtout des mots est parfaitement restituées dans Requiem pour Miranda aux Editions Les Arènes.

On plonge en immersion total dans ce livre, on ressent de l’empathie pour la victime. On suit avec passion l’intrigue des plus haletantes de ce thriller à couper le souffle qu’on a envie de le dévorer d’une traite pour en connaître le dénouement.

Pour rendre le texte de ce thriller plus prenant, plus fort, Sylvain Kermichi nous fait voir l’intrigue à travers les yeux de ses protagonistes. Dans Requiem pour Miranda aucun nom n’est donné les personnages restent anonymes «Elle», «le jeune asiatique», «le barbu».

Nous entrons dans la tête des personnages et nous apercevons toutes leurs failles, entendons leur pensés en temps réel. L’un de ses bourreaux doit lutter contre ses pulsions pour éviter de la tuer.

Dans Requiem pour Miranda on observe de constant changement de point de vue. Celui des agresseurs est souvent introduit par une question ou se rapporte plus ou moins à la jeune femme: «elle dit sans en avoir conscience» quand c’est son point de vue «on lui dit».

On assiste à une lente dégradation de l’état d’esprit des bourreaux qui s’enferment dans leur fantasme barbare et de leur victime qui peu à peu perd pied. Le lavage de cerveau semble avoir porté ses fruits «Ils ont raison depuis le début», «Ils ne profèrent que la vérité (…) il est vain de lutter ma vie ne vaut rien».

Une section de Requiem pour Miranda reprend le journal intime du barbu que le jeune asiatique lit avec attention. Nous plongeons encore plus profondément dans l’esprit malade du barbu et dans ses fantasmes les plus sombres de domination. «Tous les signes s’accordent, je parle d’un holocauste nucléaire» Il désirerait créer une maison avec une partenaire sexuelle (objet sexuelle) jetable séquestrée et soumise à son bon vouloir. Le barbu veut ainsi mettre des «femelles/ esclaves dans un abri avec de la nourriture et un arsenal».

Cela peut faire penser tout au moins en partie pour les fans de thriller et de roman policier dont je fais partie à une version encore plus noire, plus apocalyptique d’Et tombe les filles de James Patterson adapté au cinéma sous le titre Le Collectionneur.

Pénétrez si vous l’osez au cœur des méandres d’esprits humains torturés avec Requiem pour Miranda de Sylvain Kermichi aux Editions Les Arènes.

Requiem pour Miranda de Sylvain Kermichi aux Editions Les Arènes. Prix: 9.90€

Pour plus d’info: http://www.arenes.fr/

Rédactrice freelance, Pigiste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Protected by WP Anti Spam