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Plongez dans une comédie noire à la fois poétique et émouvante grâce à l’édition collector de The Great Buddha + proposé par Spectrum Films

The Great Buddha + de Hsin-Yao Huang. Edition Collector: Spectrum Films. Photo de Philippe Lim
The Great Buddha + de Hsin-Yao Huang. Edition Collector: Spectrum Films

Pickles accumule les petits boulots, dont celui de gardien de nuit dans une usine de fabrication de statues géantes de Buddha. Son copain Belly Button, collecte et recycle des ordures. Il est son compagnon de mauvaises fortunes et le retrouve chaque nuit à son travail pour tromper l’ennui. Ils matent des magazines porno, tout en mangeant des nouilles.

Le jour où leur télé tombe en panne, ces deux amis décident de rompre la monotonie en regardant ce qu’a enregistrer la caméra fixée sur la Mercedes du patron de Pickles…

Poignant. Poétique. Voici les termes qui caractérisent le mieux The Great Buddha + de Hsin-Yao Huang. Le réalisateur nous livre un chef-d’œuvre des plus poétiques et dramatiques sur la condition humaine, dans une comédie noire sur le voyeurisme qui met en parallèle la condition des pauvres et des riches.

Spectrum Films vous propose une version collector contenant un DVD et un Blu-ray du premier long-métrage de fiction de Hsin-Yao Huang. Ce film fait suite à son court-métrage The Great Buddha. Sans grande surprise en regard de la façon de filmer et de la présence de la voix-off du réalisateur fictif, Hsin-Yao Huang vient du documentaire. Cette fiction à sous certains aspects des airs de documentaires tout en demeurant une comédie humaine sur le voyeurisme.

The Great Buddha + commence par un écran noir, on entend la musique d’un saxophone accompagné par d’autres instruments qui entonnent « ce n’est qu’un au revoir ». Une voix-off se présente comme étant le réalisateur, il sera amené à intervenir durant le film.

Le brio de The Great Buddha+ de Hsin-Yao Huang est d’utiliser cette figure. Elle intervient pour présenter l’œuvre et les personnages. La voix-off nous avertit qu’il interviendra de temps en temps durant l’intrigue. Cette façon d’intervenir durant le film lui donne une visée presque documentaire, de véracité qui fait tout son charme. En introduisant les personnages, le réalisateur fictif les rend plus attachants en nous les montrant sous tous leurs aspects.

Le titre The Great Buddah + apparaît, nous nous rendons compte que la musique est diégétique. Nous voyons des musiciens qui ouvrent le chemin d’une procession. On voit en parallèle de cette scène, dans une sorte d’opposition un homme de dos sur un scooter. Puis le film enchaîne sur un plan sur les musiciens au repos. L’un d’eux pousse un autre, car selon lui ce dernier jouait mal. Nous découvrons qu’il s’agit de Pickles. Nous voyons de nouveau l’homme au scooter qui ramasse des déchets afin de les recycler pour ce faire un peu d’argent.

Dans la séquence suivante, nous retrouvons Pickles qui rejoint sa mère à l’hôpital. Dans un plan large nous pouvons voire une salle vide où sa mère l’attend, puis la caméra se recentre sur lui. Il va appeler l’infirmière pour qu’on remette sa mère sur perf. Pickles se rend au bureau des infirmières pour requérir leur aide. On entend juste la voix de la femme qui lui répond « il est 17h je ne peux pas la remettre sous perf ». Le fils insiste, alternance d’un plan sur sa mère qui attend toujours, on entend toujours la voix de Pickles. Comme souvent dans ce film les personnages centraux semblent mis à l’écart. Ils finissent tous deux sur le scooter de Pickles, sa mère tenant sa perf à la main.

The Great Buddha + se poursuit sur le plan d’un entrepôt, on y voit des hommes travaillant sur une sculpture géante de Buddha. Pickles fait son entrée, il vient nettoyer ou plutôt ramasser les pièces éparses de sculptures qui traînent pour les ranger dans une caisse. Il semble mis à l’écart des autres, avoir une condition peut être inférieure aux autres. La voix-off du réalisateur intervient « dans cette usine tout le monde ce soucis du bien-être de sa mère », « c’est une sorte de bienveillance respectueuse ».

Il présente ensuite Pickles qui nous apparaît tout de suite comme un personnage attachant. Nous découvrons qu’il multiplie les petits boulots. Pickles travail comme gardien de nuit, il balaie l’usine avant le départ des employés

La voix-off du réalisateur en véritable dramaturge met en scène ses personnages, ses acteurs. Il dresse toute une galerie de portraits certains sont des plus attachants dont : Pickles, Belly Button, Peanuts et Sugar Apple voire pour d’autres des plus complexes.

La musique change, nous voyons un plan serré une vue de dos un homme et sa conquête. Ils sont cadrés au niveau des fesses. On entend une voix hors champs dire « alors vous êtes satisfait de votre travail ? Pourquoi Buddha tourne -t’il la tête ? » il s’agit de Kevin leur patron.

Dans le cadrage, on voit l’homme mettre la main sur les fesses de la femme. Ces trois nouveaux personnages nous sont introduits par la voix-off. Ils semblent satisfaits d’eux, aisés « Kevin (celui qui parle) le patron, le peloteur : le député ». Le réalisateur nous les présente sans filtre, de façon crue qui pourrait choquer voire amuser certaines personnes « les fesses sont celles de son assistante ». Gros plan sur les fesses de celle-ci vêtu d’une jupe moulante, puis on alterne avec un plan sur les hommes qui travaillent sur la sculpture. Puis retour sur Valérie (l’assistante) et le député.

La voix-off nous apprend que le chef à offert un bureau au député, raccord sur celui-ci. Le réalisateur précise qu’un panneau a été ajouté afin de faciliter le travail de Valérie. A ces mots on aperçoit un pied vêtu d’un escarpin dépassé du panneau. Elle passe littéralement sous le bureau.

The Great Buddha + peut se révéler parfois des plus cru comme je l’ai déjà souligné, mais même si parfois les propos sont des plus vulgaires, triviaux, les images ne le sont pas. Au pire vous assisterez à un voire plusieurs flirtes poussés, mais il n’y a pas de scènes de nues au pire elles sont suggérées par la voix-off ou les propos échangés.  Ainsi la voix-off souligne qu’au lieu de travailler sur son ordi, elle « titille le joystick du député Gao ».

Dans The Great Buddha + Hsin-Yao Huang joue avec nous et brise le 4e mur de façon amusante et cela à plusieurs reprises. Ainsi quand, le réalisateur nous présente Belly Button, l’homme que nous avons vu ramasser des détritus au début du film, il s’interroge sur la passion de Belly Button pour les grues à peluches « j’ai toujours eu envie de lui demander pourquoi ce jeu le passionne ». A notre plus grande surprise, Belly Button se retourne brisant le 4e mur et regarde face caméra. Il semble s’adresser directement à la voix-off voire à nous « c’est une thérapie », puis Belly Button retourne à son jeu imperturbable. C’est le seul moment où un personnage du film va interagir avec le réalisateur.

Plus tard dans The Great Buddha +, l’un des personnages Peanut quand il chemine en scooter avec Belly Button à qui il a prêté son ancien scooter rompt aussi le 4e mur. Peanut a conscience qu’il est dans un film quand Belly Button lui dit « un vélo rose, pas étonnant que tu n’ai pas de petite amie », Peanut répond sans se démonter « c’est un film en noir et blanc ne vend pas la mèche ». A ces mots, comme par magie son scooter devient la seule touche de couleur du film. Il est rose fluo.

Nous découvrirons de même que le choix de Hsin-Yao Huang de nous présenter un film majoritairement en noir et blanc est réfléchi en plus de dénoter d’une certaine touche de poésie. Pickles fera ainsi observer plus loin dans The Great Buddha + que « la vie des riches c’est sacrément coloré ».

L’image de cette comédie noire semble refléter la condition des personnages. Elles sont en noir et blanc pour la classe inférieure dont Pickels, Belly Button, Peanuts et Sugar Apple, tandis que les plus riches sont filmés en couleur tout au moins pas l’entremise de la dashcam.

The Great Buddha + nous livre dans une succession de plans le paysage puis mett en scène la ville, une affiche et une statue de Buddha. Nous pénétrons sur le lieu de travail de Pickles. Nous pouvons observer Belly Button qui rejoint Pickles à son travail, son compagnon de mauvaises fortunes. Ils vont partager leurs solitudes dans un bel exemple de solidarité et d’amitié.

Belly Button balance une liasse de magazines, gros plans ce sont des magazines porno. Chacun choisi le sien, gros plan sur le visage de Belly Button qui dit à son ami « ne dit pas que « je ne suis pas sympa avec toi. Je suis venu exprès te montrer cette beauté ». Suis un plan large où l’on voit les deux hommes à travers la fenêtre. Pickles demande innocemment « pourquoi le magazine est poisseux ? » c’est vrai qu’ils n’ont pas l’air neuf doivent sûrement provenir des ordures qu’il ramasse. S’ensuit des propos salaces.

Belly Button fait observer à Pickles que Kevin son patron à la belle vie « il a de belles femmes, a étudié à l’étranger, a une belle voiture ». Pickles lui répond que « le destin n’est pas définit à la naissance, même les plus riches ne font que trois repas par jour ». Sur ces belles paroles Belly Bullon dit avec ironie qu’il va chercher leur 4e repas et demande à Pickles de préparer le thé. Belly Button sort de l’usine dans un raccord regard on voit une femme dans sa voiture assise derrière le volant qui fixe l’usine des yeux. Un instant on a l’impression d’assister à un échange de regard entre Belly Button et cette femme., avant qu’il ne rejoigne son scooter.

En opposition à cette quiétude, monotonie nous pouvons observer une scène d’excès. Dans cette séquence on retrouve des hommes et femmes dévêtus dans une sorte de jacuzzi. Un chanteur chante en livre, un couple est en retrait et filtre à outrance.

Quand Belly Button revient la femme est sortie de sa voiture et fixe toujours l’usine. Il la fait voir à Pickles via l’écran de sécurité, celui-ci le rassure en lui disant qu’elle est là pour son patron.

Les écrans, les images ont une grande importance dans The Great Buddha +. Pickles et Belly Button découvrent que la télévision est en panne, ce dernier exhorte Pickles à visionner les images de la dashcam de l’ancienne Mercedes de Kevin. Il finit par le convaincre. Pickles nous apparaît comme un personnage simple, un brin naïf, mais surtout des plus émouvants.

La séquence suivant nous place en tant que voyeur si l’on peut dire. On voit Kevin et Gucci qui se sont isolés dans la voiture de ce dernier. La voix-off introduit la scène toujours en faisant usage d’images, de métaphores des plus parlantes « il a demandé à Gucci de s’occuper de son foie et de masser sa prostate ».

Les images sont des plus parlantes tout en restant assez soft au regard des propos vulgaires, crus de la fille. Suit un plan sur la femme qui attendait Kevin, la caméra se centre sur son visage tandis qu’elle appelle pour savoir où il est. Gucci en pleine action attrape le téléphone et dit vulgairement « c’est cette vieille Mme Yeh », « tu veux te faire qui elle ou moi ? ». Elle finit par répondre insolemment à Mme Yeh « Que veux-tu à mon Kevin ? », gros plan sur la femme qui ne se démonte pas « passez-moi votre Kevin, j’ai quelque chose d’important à lui dire ». Gucci finit par lui passer le téléphone et sort de la voiture pour aller fumer. Mme Yeh lance un ultimatum à Kevin pour qu’ils se voient.

Pickles nous est présenté comme l’avons déjà dit comme quelqu’un de naïf. Il prend les propos de Belly Button au pied de la lettre. Quand Belly Button lui dit de visionner les images de la dashcam. Pickles revient avec la caméra devant le regard atterré de Belly Button qui voulait juste la carte mémoire. Ce dernier lui demande pourquoi il l’a démonté. En même temps il faut reconnaître que Belly Button ne l’avait pas précisé.

The Great Buddha + nous amène ensuite à voir les images de la dashcam. Dans une caméra subjective nous voyons à travers les yeux de Pickles et Belly Button. Ces images sont en couleur.

La voix-off nous explique ce qu’est une dahscam « c’est une caméra miniature installée dans une voiture qui filme l’extérieur du pare-brise. En cas d’accident de voitures les images peuvent servir de preuves ». Elle est très répandue en Chine et se commence à se développer en France.

Dans The Great Buddha + nous assistons à dans certaines scènes du méta-cinéma voire mise en abîme. Nous voyons les images de la dashcam à travers l’écran de la télévision. Pickles dévore son repas à défaut de popcorn tout en regardant les images. Dont celle de Kevin avec une lycéenne. Belly Button s’amuse de son changement de ton quand Kevin reçoit un appel pro « ton patron est un sacré bon acteur sont ton change quand il raccroche ».

Kevin et la jeune fille se rendent dans un hôtel luxueux haut en couleur Pickles fait innocemment remarquer pour notre plus grand amusement en voyant une partie de l’éclairage du parking assez originale « qu’il y a même des guirlandes de Noël ». De même on ne peut que rire quand il s’étonne qu’il n’y ai plus rien une fois que Kevin et la lycéenne arrivent à l’hôtel. Belly Button lui répond « tu veux qu’ils montent la voiture dans la chambre ». Quand Kevin plus tard envoi Pickles chercher un colis au Seven, ce dernier se trompe et va au Soven où Peanuts travail.

Le choix esthétique de cette comédie noire des plus poétiques prend tous son sens grâce à une citation de Pickles devant les images de la vidéo « regarde la vie des riches est sacrément coloré ». Cela explique à merveille pourquoi les images de la dashcam sont en couleur tandis que les autres sont en noir et blanc. Les deux amis enchaînent les visionnages, puis sont tirés de leur rêverie par le klaxon du patron qui vient d’arriver. Ils n’ont pas vu la nuit passer.

L’importance et le poids des images ont une place primordiale dans ce film. Quand Pickles rejoint Peanuts à son travail car il s’est trompé de destination. Ce dernier se fige et regarde devant lui en attendant la présentatrice annoncer entre autres que « le suspect pourrait être mentalement instable ». A leur plus grand étonnement et au notre, ils reconnaissent tous deux à l’image Belly Bouton. Il a été arrêté à la télévision on peut observer l’arrestation à travers la dashcam de la police. L’action nous est rendue à travers leurs images et leurs montages. L’arrestation c’est passé avec violence c’est tout au moins ce que semble montrer les images il a été interpellé à cause des objets que Belly Button récupéré et revend.

Dans la séquence suivante, la voix-off s’adresse à nous « chers spectateurs, il n’y avait pas de journaliste sur les lieux », « nous sommes en mesure de vous fournir des images plus objectives ». Nous voyons la scène de l’arrestation de Belly Boutton sous un autre angle, la voix-off fait observer non sans une certaine ironie « nous sommes des pros de l’image un caméraman qui tremble serait viré depuis longtemps ».

The Great Buddha + nous fait assister à une scène décalée des plus amusantes une fois la statue finie. Un moine et une procession viennent la bénir. Une femme fait observer de façon détournée que l’on peut voir des défauts sur le visage de Buddha tout en reconnaissant que c’est paradoxalement une œuvre d’art. La rencontre semble tourner limite à l’affrontement, mais de façon détourné « je ne dirais pas que vous êtes grosse …. », « je ne parlerai pas de votre relation avec cette femme… ». Pour finir en toute diplomatie par refaire la tête du Buddha. Suit un plan d’une grande poésie où le Buddha apparaît en contre-jour, auréolé d’un halo brumeux.

The Great Buddha + semble nous offrir une réflexion poétique sur la condition humaine dans une comédie noire qui saura vous toucher. Nous y découvrons une galerie de portrait attachant parfois proche d’âmes perdues, voire des êtres complexes dont on suit avec passion l’évolution. On peut aussi observer que ce film repose sur un effet miroir avec la mise en parallèle du début et de la fin. C’est une comédie noire et satirique sur la société taïwanaise avec ses inégalités et sa corruption.

La vie monotone de Belly Button et Pickles va être perturbée quand ils vont regarder l’ultime vidéo de la voiture du boss qui les changera à jamais. Comme on le dit si bien « la curiosité est un vilain défaut ».

Pour poursuivre votre exploration de The Great Buddha + l’édition collector proposé par Spectrum Films contient entre autres: le court-métrage The Great Buddha, une présentation du film par Wafa Ghermani spécialiste du cinéma Taïwanais, avant-propos de Panos Kotzathanasis de AMP ainsi que des Q&A avec le réalisateur à San Francisco.

Pénétrez au cœur d’une aventure humaine des plus émouvante avec l’édition collector proposé par Spectrum Film de The Great Buddha +

The Great Buddha+ de Hsin-Yao Huang. Edition collector combo blu-ray et Dvd proposé par Spectrum Films. Durée : 1h39

Prix : 20 €

Pour plus d’info/ vente en ligne: https://www.spectrumfilms.fr/

Rédactrice freelance, Pigiste

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