Culture

Faites connaissance avec une femme hors du commun à travers un autoportrait fictif acerbe dans Florida

Florida d'Olivier Bourdeaut. Éditions Finitude. Photo: Philippe Lim
Florida d’Olivier Bourdeaut. Éditions Finitude. Photo: Philippe Lim

Tout commence comme un conte de fée. A 7 ans, Elizabeth Vernn reçoit une robe de princesse. C’est à ce moment que sa mère l’entraîne dans l’univers des mini-miss. Dès lors son calvaire va commencer, car avec son physique de deuxième elle n’atteint pas les objectifs fixés par sa mère au grand dam de cette dernière. Elizabeth se met à détester tout le monde, elle inclue et à voir son corps comme un ennemi.

Elle décide de le maîtriser, de le transformer, de le sculpter à l’extrême le déformant irrémédiablement. C’est sa vengeance, Elizabeth ne sera plus jamais la princesse de personne.

Puissant. Acerbe. Poignant. Voici les termes qui caractérisent le mieux Florida d’Olivier Bourdeaut. Ce livre proposé par les Éditions Finitude dresse un portrait acerbe de femme. La narratrice se livre à nous sans fard dans un récit tracé au vitriol dans lequel Elizabeth Verne revient avec un regard désabusé sur sa vie. Le brio Olivier Bourdeaut avec Florida est d’arriver pour notre plus grand bonheur à nous faire oublier qu’il ne s’agit pas du récit biographique d’Elizabeth Verne. L’illusion est tellement parfaite qu’on a l’impression de tenir entre les mains le journal intime de cette ex mini-miss abîmée par la vie. Mais,il s’agit en réalité d’un roman proposé par les Éditions Finitude.

Le résumé au dos du livre donne le ton et captive notre attention « ma mère s’emmerdait, elle m’a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s’est vengée ». Cette mise en bouche des plus prometteuse, nous donne envie d’en savoir plus.

Florida d’Olivier Bourdeaut débute sur les chapeaux de roue. Nous avons entre les mains le journal, le témoignage de la narratrice. Attention à ne pas oublier que tout ce que contient ce livre proposé par les Éditions Finitude est fictif. Cela même si certains points abordés semblent invités à la réflexion et aborder des sujets réels. Dès le début de Florida d’Oliver Bourdeaut, on dénote une bonne dose d’ironie et de désillusions.

Ce livre proposé par les Editions Finitude est un ouvrage choc, on ne prendra pas de gants avec nous. Il n’y aura pas de filtre, cela pour notre plus grand plaisir. La narratrice de Florida Elizabeth Vernn fait un amer constat des événements qui l’ont mené à l’état actuel des choses. Elle débute ainsi ses confidences « Ne trouvez-vous pas cocasse que dans un pays de gagnant ma malédiction soit d’avoir un jour gagné. Pas n’importe quel jour celui de mes sept ans. Ma mère me disait que « j’étais très belle et que je n’étais pas trop bête ». J’étais très belle une affirmation. Je n’étais pas trop bête une négation. Elle aussi était belle et plutôt intelligente. C’est la raison pour laquelle je ne comprendrais jamais cette journée ni toutes celles qui ont suivi durant cinq ans. Enfin si maintenant, je comprends. Je comprends mais je ne pardonne pas. Je ne pardonnerais jamais ». Cri de guerre, de rage d’une jeune femme dont l’enfance a été gâchée par les rêves de gloire, la projection d’un idéal d’une mère en mal de gloire. Elle va condamner sans le savoir sa fille à un véritable enfer sur terre enfin pour cette dernière.

Ce roman proposé par les Éditions Finitude nous narre ensuite les événements du jour où tout a basculé pour Elizabeth Vernn. Avec son regard d’adulte, elle revient sur ce jour fatidique. Sa mère depuis deux semaines lui annonçait une surprise « je ne l’avais jamais vu aussi fière d’elle j’aurais dû me méfier ». A cette soi-disant fête d’anniversaire il n’y avait pas d’ami juste sa mère « elle (sa mère) se pense suffisante, elle s’imagine peut-être être ma copine et pourquoi pas la meilleure tant qu’on y est ». Au cours de ce jour solennel tout au moins selon sa mère, notre chère narratrice trouve dans un grand carton blanc une robe digne d’une princesse. Cela n’est qu’une partie de la surprise. Sa mère la presse, la pomponne de peur d’être en retard. Elle a rendez-vous avec son cadeau.

Oliver Bourdeaut avec ce livre proposé par les Éditions Finitude rentre dans la peau d’une jeune femme brisée qui lance un regard désabusé et plein de fiel sur sa vie. Florida jette un regard critique, mais réaliste sur l’univers des mini-miss. Loin des paillettes et des strass qui font écran on voit l’envers du décor à travers les yeux de l’une d’elle. Elizabeth n’a rien demandé. Elle a été projetée dans cet univers par sa mère et les ambitions de cette dernière. Ainsi la salle polyvalente nous est décrite comme étant loin de correspondre à un conte de fée. Mais plus comme « un château moche avec des princesses partout ».

Première désillusion et ce n’est que le début dans Florida d’Olivier Bourdeaut. Ce milieu rime avec effervescence, compétition et rivalité cela dès le plus jeune âge. Désabusée, ironique Elizabeth maintenant adulte fait cette amère réflexion « voilà ma surprise, mon cadeau humilier d’autres petites filles ». Elle gagne le concours à la plus grande fierté de sa mère qui « ne touche plus terre. Cette victoire c’est le début de l’enfer ».

Comme vous pourrez le découvrir durant votre lecture de ce livre proposé par les Éditions Finitude c’est le commencement de la chute pour Elizabeth Vernn. Une partie de sa vie sera rythmée par les compétitions et préparatifs liés au concours mini-miss. Elle subira beaucoup de tension. Car pour sa mère qui se projette en elle ou tout au moins ses attentes, il est vital qu’Elizabeth gagne la première place.

Le problème étant qu’elle a un physique de seconde. Ce qui ne comble pas bien au contraire les attentes de cette mère limite toxique qui n’a de cesse de lui mettre la pression. La narratrice de Florida d’Olivier Bourdeaut en vient dans un profond ras-le-bol à se détester et à détester son corps ainsi que quasiment tout ce qui l’entoure. Ainsi Elizabeth explique amère « J’ai souvent changé d’aspect dans ma vie, mais je n’ai jamais changé de prénom ni de nom Elizabeth Vernn. Deux mots qui permettent de faire le lien entre ce que je suis aujourd’hui et ce que j’étais à la naissance. Depuis le jour de mes 7 ans mon corps et moi faisons chambre à part (…) il fallait que le jugement des autres sur ma peau ne me concerne plus ».

Vous apprendrez dans ce livre proposé par les Éditions Finitude que ses parents lui mettaient la pression. Ils trouvent tous deux une échappatoire dans ses concours alors que leur couple bas de l’aile. Le père est ainsi soulagé, content de la joie émanant de son épouse suite à cette première victoire. Il ne voyait pas souvent sa femme de bonne humeur. La pression est écrasante pour une si jeune enfant.

La chute a lieu comme vous pourrez vous en rendre compte dans Florida à partir de la deuxième compétition. Elizabeth au grand dam de sa mère atteint la deuxième place. Le visage de cette dernière se referme. Elle lui dit avec un peu de sévérité nous n’avons pas assez travaillé. Sa mère avait mis tous ses espoirs en elle. Un peu plus loin dans ce livre proposé par les Éditions Finitude la narratrice distingue les différents types de parents inscrivant leurs enfants au concours de mini-miss. Pour certains c’est juste un divertissement. Tandis que pour d’autres c’est vital, comme c’est malheureusement le cas pour la mère d’Elizabeth.

Olivier Bourdeaut avec Florida nous livre un ouvrage choc, captivant qui nous prend aux tripes. Il y fait référence à des œuvres du monde culturel, mais dresse aussi un parallèle avec l’actualité, les faits divers. Acide. Elizabeth Vernn fait observer que la robe de princesse a fait une victime son corps. Avant de poursuivre « les concours de mini-miss ont flingué plus de corps que la carabine de Brenda Ann Spencer. Une hécatombe silencieuse ».

Même si la comparaison est violente, elle pousse tout de même à la réflexion. Car la pression qui repose sur ces mini-miss est assez écrasante surtout si les parents sont vindicatifs. Cela peut mener à un dégoût de soi ou autres troubles qui peuvent à l’excès brisé de si jeunes êtres. Ainsi la narratrice se confie à nous « Figurez-vous que je n’étais pas si belle que ça enfin pas assez (…)j’avais un physique de seconde ». Ce qui a engendré de la tristesse au début, puis « l’agacement de la reine mère ». Selon elle, il faut s’entraîner plus et plus durement entraînant une guerre des nerfs dont la narratrice ne sortira pas indemne. Elizabeth va perdre confiance en elle et va finir par se détester.

Florida d’Olivier Bourdeaut nous dire sans fard et dans toute sa complexité le portrait de cette femme brisée, mais non pas finit. Sorte d’avertissement, signal d’alarme pour éviter que le drame se perpétue. Car oui, souvent durant notre lecture de ce livre proposé par les Éditions Finitude on en vient à oublier qu’il s’agit d’un roman et non d’une autobiographie.

Après des mois de défaites, Elizabeth Vernn en vient à « Détester sa mère, le jury, les concurrentes(…) mais on y retourne une nouvelle fois pour gagner ». « Rien n’est jamais simple avec l’orgueil. Je commençais sérieusement à haïr ma mère, mais je voulais encore lui offrir un succès. Je me détestais, mais voulais encore qu’on m’aime ».

Son père qu’en t’a lui nous est présenté comme un être faible qui « la sacrifia pour son confort et sa tranquillité » quand sa mère et elle partait pour les compétitions. Mais lui aussi à son niveau s’est servi d’elle. Il a tiré parti de son physique avantageux, cela en l’utilisant comme enfant mannequin pour une chaîne de magasins d’articles de sport. Il s’en est mis plein les poches.

Ce livre proposé par les Éditions Finitude nous renvoi tout au moins un court instant au temps présent. Dans un aparté teinté d’ironie Elizabeth Vernn s ‘adresse à nous « alors que je noircis ce petit journal intime ridicule avec cadenas ». Elle n’a trouvé que ça « avec une princesse dessus trop mignonne comme disent les petites filles. Trop mignon comme disaient les membres du jury. C’est très simple je pense que ces abrutis n’ont que 37 mots de vocabulaire. En même temps ils voient toujours la même chose ». Pour elle le spectacle se situe plus dans la salle où les parents ont des allures de bêtes de foire.

Florida d’Olivier Bourdeaut nous fait suivre l’évolution de cette femme complexe, brisée par la vie, mais qui a décidé de se venger. Au cours de sa vie, Elizabeth Vernon va faire plusieurs rencontres déterminantes, mais qui vont souvent se solder par un drame. Nous sommes vraiment loin d’un conte de fée.

Ainsi dans ses jeunes années c’est un prof qui croit en elle et a permis à son esprit de ne pas sombrer. Il cherchait à stimuler le contenue. Mais cela va mal se finir pour lui. Tout ça à cause de la mère d’Elizabeth qui semble toujours vouloir avoir la vedette. Elle va faire des avances au professeur qui la repousse doucement. Par représailles et pour venger sa fierté bafouée sa mère va l’accuser d’être pédophile. Le professeur va être jugé coupable alors qu’il est innocent.

C’est à partir de ce moment ce que ce livre proposé par les Éditions Finitude va basculer. Elizabeth va entamer sa vengeance en douceur, elle met déjà en scène une partie de son plan. Car Elizabeth fait une découverte déterminante pour elle « choquer, décevoir attrister ma mère est une drogue et dans ce domaine je suis une putain de junkie. Dans d’autres aussi soyez patient ».

Le style de Florida d’Olivier Bourdeaut est des plus faciles à lire. Il est écrit à la première personne dans un style familier. Par instant la narratrice rompt si l’on peut dire le quatrième mur, en nous prenant à témoin. Une chose est sûre on ne peut rester indifférent à ce récit des plus prenant.

On note parfois un humour des plus décapant et de l’autodérision qui servent de contrepoint comique à l’action. « La vie est une blague il faut croire que j’aime en être le sujet ». Durant notre lecture de ce livre proposé par les Éditions Finitude, nous suivons avec passion et compassion la lente métamorphose de la narratrice. Elle semble avoir de net penchant autodestructeur. En quête d’identité, Elizabeth va se métamorphoser et se réapproprier son corps allant jusqu’à le déformer.  

Elizabeth va faire une rencontre des plus déterminante, un artiste qui va la suivre dans son évolution et la prendre en photo. Elle voudrait appeler cette œuvre Florida. Allant jusqu’aux pires excès, Elizabeth va se mettre à mal ainsi que son corps pour mener à bien son désir de vengeance.

Soyez témoins de la sombre vengeance d’une femme afin de se réapproprier son corps avec Florida

Florida d’Olivier Bourdeaut. Éditions Finitude. Prix :19€

Pour plus d’info : https://www.finitude.fr/

Rédactrice freelance, Pigiste

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