Culture

Laissez-vous toucher par la réflexion sur la violence et l’horreur réelle dans La Cible de Peter Bogdanovich

La Cible de Peter Bogdanovich. Carlotta Films
La Cible de Peter Bogdanovich. Carlotta Films

Byron Orlok acteur vieillissant, principalement connu pour ses films d’épouvante, veut mettre un terme à sa carrière. Il a la sensation d’être démodé. Sa dernière apparition publique aura lieu dans un Drive-in où il présentera son dernier film.

Cependant l’horreur est bien réelle et franchit la frontière de l’écran. Ainsi Bobby Thompson un jeune assureur vétéran du Vietnam et passionné par les armes sombre dans une folie meurtrière. Il commence par abattre de sang-froid sa femme et sa mère et est bien décidé à poursuivre le massacre. Sa route jonchée de cadavres le mène au Drive-in.

Glaçant. Déstabilisant. Captivant. Voici les termes qui caractérisent le mieux la Cible de Peter Bogdanovich. Carlotta Films nous offre l’opportunité de découvrir cette œuvre pour la première fois en Blu-ray et DVD dans sa nouvelle restauration 2K. Celle-ci a été effectuée à partir d’un scan 4K supervisée par Peter Bogdanovich. Il vous faudra patienter jusqu’au 19 septembre pour redécouvrir cette œuvre culte.

Véritable hommage au cinéma ce film ravira les cinéphiles. On y retrouve de nombreuses références au 7e art. De plus il est intéressant de noter qu’il s’agit du premier film de Peter Bogdanovich sous le patronage du cultissime Roger Corman.

De même nous retrouvons dans La Cible de Peter Bogdanovich un grand nom du cinéma, un monstre sacré du cinéma Boris Karloff. Ce dernier était affaibli par la maladie. Cependant sa prestation reste admirable. Il est toujours d’une grande prestance et des plus talentueux dans ce rôle qui semble écrit pour lui.

Car comme Byron Orlok qu’il interprète dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films. Il est un célèbre acteur connus principalement connus pour ses rôles dans des films d’épouvante. Boris Karloff reste entre autres l’inoubliable créature de Frankenstein et film du genre dont The Terror de Roger Corman. On visionne des extraits de cette œuvre dans La Cible de Peter Bogdanovich entre la mise en abîme et la figure de métacinéma.

Dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films le réalisateur s’intéresse « à l’évolution du cinéma d’épouvante et à l’horreur réelle ». Ainsi concernant l’arc narratif consacré à Bobby Thomson Peter Bogdanovich s’inspire d’un fait divers réel relatif au tueur de masse Charles Wittmann.

Pénétrons maintenant au cœur du sujet ou plus exactement de La Cible de Peter Bogdanovich. Le film commence sur des plans dont l’esthétique rappel les films d’horreur gothique chers entre autres à la Hammer et à Roger Corman.

Ainsi on entend le cri strident d’un oiseau. Plus précisément un corbeau qui vient vers nous. Puis nous sommes confrontés à : des orages, des vagues immenses…. On a l’impression d’être au cœur d’une tempête. Ce qui donne l’idée de mutation du réalisme propre aux films d’horreur. Nous discernons ensuite une immense demeure gothique. Puis on voit un plan à l’intérieur de ce lieu avec Boris Karloff qui traverse une salle voire le vestibule d’un château et ouvre une grille.

La musique se fait angoissante. Durant tout ce passage la tension est à son comble. Peter Bogdanovich joue avec les attentes du public. La Cible s’ouvre sur un extrait de The Terror. Ce film existe vraiment et a été réalisé par Roger Corman. Dans les rôles principaux nous retrouvons Boris Karloff et Jack Nicholson. L’extrait se clôture par un plan déstabilisant associé au même cri d’oiseau. Puis le mot fin apparaît. Cela tient tout à la fois de la figure de métacinéma et de la mise en abîme.

A ce moment précis de ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films nous sommes dans une salle de projection. Le film est projeté à l’équipe avant sa sortie. Boris Karloff interprète Byron Orlok il semble en retrait. Nous retrouvons dans la salle de projection le réalisateur, le producteur, le scénariste et l’assistante de l’acteur.

Sammy (Peter Bogdanovich) La Cible de Peter Bogdanovich. Carlotta Films

S’ensuit dans La Cible de Peter Bogdanovich une alternance de plans. Quand on demande son avis sur la projection à l’acteur celui-ci déclare « je ne veux plus tourner dans aucun film ». A travers une succession de plans, on voit la réaction des autres personnages tous sont atterrés.

Le producteur est contre cette idée et ajoute qu’ils ont « un accord tacite pour d’autres films ». Face à lui Byron Orlok est inflexible et reste sur sa position. Sammy, le scénariste, pour sa part est anxieux. Il avait prévu un autre film avec l’acteur et lui en avait donné le scénario. Hors de lui, énervé, le producteur s’écrit hors champ « sans moi vous seriez dans un musée de cire ». Puis il exhorte Sammy, le scénariste à le retenir.

Peu après nous retrouvons Byron Orlok, son assistante et Sammy. Celui-ci l’intercepte devant sa voiture. Une conversation s’engage l’acteur décidé voire résigné déclare « Je suis qu’une antiquité du siècle dernier ». Il ajoute « j’ai l’impression d’être un anachronisme ».

On peut être tenté d’y voir un lien avec la réalité et plus particulièrement avec Boris Karloff. Cet acteur admirable s’est vu réduit à ses rôles dans des films d’horreur. Ce qui l’emprisonne dans un genre qui à cette période peut être vu comme désuet par certains.

Tout à coup dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films nous voyons l’acteur à travers la ligne de mire d’un fusil, la cible. La tension est à son comble. On assiste à la scène à travers une caméra subjective. Il n’y a pas de son. Puis l’on voit un plan sur l’œil du tireur suivi d’un insert de son doigt sur la gâchette. La tension, la menace sont à leur comble.

On retient  un instant notre souffle. Puis la tension se relâche un instant. A travers un plan large nous découvrons que nous sommes chez un armurier. Nous apercevons un jeune homme souriant aux allures de gendre idéal. Bobby s’écrit « je l’achète ».

Peter Bogdanovich se joue habilement de nous avec La Cible. Au début on croit être en face d’un film classique de Boris Karloff. Ce qui est en partie vrai. Puis tout bascule nous sommes renvoyés à la réalité. Le jeune homme est des plus enthousiaste.

L’armurier attire son attention sur l’autre côté de la rue « vous avez vu c’est Byron Orlok en face ». Raccord regard on voit l’acteur monter en voiture. S’ensuit une alternance de plan Bobby Thomson, le jeune homme, s’exclame « je me disais bien que je le connaissais ». Au plan suivant on voit l’insert d’un chèque. L’affaire est réglée.

Pendant ce temps, la voiture s’éloigne tandis que le scénariste reste dépité sur le trottoir. Dans La Cible de Peter Bogdanovich on voit en parallèle deux intrigues celle de Byron Orlok. Il incarne le visage de la terreur au cinéma et de l’autre celle de Bobby Thomson. Ce dernier incarne la terreur encrée dans le réel. On va le suivre dans sa plongé dans l’horreur.

Tout au moins au début de ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films Bobby nous apparaît agréable. Il ne nous semble pas inquiétant pour deux sous. Cependant cela ne va pas durer longtemps dans La Cible de Peter Bogdanovich.

Ainsi la caméra suit Bobby Thompson jusqu’à sa voiture. Il ouvre le coffre. S’ensuit un insert du contenu de celui-ci qui se relève des plus inquiétant. La menace semble se préciser, se rapprocher. Son coffre contient un véritable arsenal : fusils, armes blanches, pistolets…. Le tout bien rangé, peut-être même un peu trop.

Durant ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films on observe de constant allers-retours entre ces deux intrigues qui se déroulent parallèlement. Cependant on sait qu’elles vont finir par se rejoindre. On voit plusieurs indices qui vont dans ce sens.

A l’intérieur de sa voiture nous retrouvons Orlok et son assistante. L’acteur s’exclame « je suis beaucoup trop vieux pour jouer les acteurs. Cela n’a plus rien d’amusant ». Ils fêtent sa liberté. Comme dirait si bien Danny Glover dans l’Arme fatale « je suis trop vieux pour ces conneries ».

La Cible de Peter Bogdanovich enchaîne avec un plan sur Bobby Thomson dans sa décapotable. On entend une musique joyeuse. Nous le voyons durant son trajet à travers une succession de plans plus ou moins proche.

Toutefois on note dans cette partie de ce Blu-ray proposé par Carlotta Films l’usage d’une caméra subjective. Celle-ci attire notre attention sur certains lieux. Points qui auront leur importance dans l’intrigue. Ainsi son regard est attiré par l’usine Charon. Bobby poursuit sa route. La musique à la radio est des plus entraînante.

Tout à coup dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films son regard s’attarde sur le panneau du Drive-in. S’ensuit une caméra subjective « Demain Byron Orlok en personne et à l’écran dans L’Halluciné ( The Terror) ».

Peu après dans La Cible de Peter Bogdanovich, Bobby arrive devant une maison dans une banlieue cossue. Il se gare. On n’entend plus un son. Au loin un chien aboie. Bobby pénètre dans une maison. On le voit entrer face à nous. A la télévision passe Autopsie d’un meurtre qu’on entend hors champ. S’ensuit un plan sur un tableau plus précisément un portrait de famille. Nous entendons hors champ la discussion de deux femmes. Pendant ce temps Bobby explore toujours silencieusement les lieux.

Tout à coup dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films la tension est de nouveau présente. Derrière-lui, on voit sur un mur un ratelier avec des fusils. Puis la caméra glisse vers une pile de magazines consacrés au tir. S’ensuit un plan sur une photo où l’on découvre Bobby dans un uniforme militaire. Il a participé à la guerre du Vietnam. Le jeune homme évolue dans sa chambre.

D’un seul coup, il est ramené au présent par la voix hors champ de son père. Ce dernier annonce à sa femme et à sa belle-fille que Bobby est là. Il a vu sa voiture devant la maison. A ses mots le jeune homme fait son entrée dans la pièce avec si l’on peut dire un masque sur son visage . Ainsi il feint la jovialité. Prenant place autour de la table Bobby leur annonce « devinez qui j’ai vu ? Byron Orlok ».

Dans une sorte de fondu enchaîné ou raccord, nous retrouvons au plan suivant de La Cible de Peter Bogdanovich l’acteur et son assistante. Un lien se tisse peu à peu entre ces deux intrigues. Nous retrouvons Byron Orlok et son assistante au restaurant. Ils trinquent à sa retraite. Cependant un importun s’invite à leur table. La jeune femme avait oublié ce rendez-vous. Il s’agit d’Eddy l’organisateur de l’évènement au Drive-in. L’homme rappelle à l’acteur qu’il doit présenter son dernier film au Drive-in.

S’ensuit durant ce passage de La Cible de Peter Bogdanovich une alternance de plans. Byron Orlok reste sur sa position « je n’ai pas l’intention de venir ». Eddy reste calme mais est tendu. Il lui rappelle « vous savez que vous avez certaines obligations ». L’acteur rétorque « non et c’est fort agréable ». Eddy tente de l’amadouer et fait appel à une autre personne qu’il appelle. Cependant cela n’a aucun effet sur Orlok. Résigné voir dépité, Eddy dit en partant « je pense que je vais aller me saouler ».

De nouveau dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films nous basculons dans l’autre intrigue. S’ensuit un plan sur des cannettes alignées qui virevoltent. Nous retrouvons Bobby et son père. Ils s’entraînent au tir. Le père lui annonce que c’est l’ouverture de la chasse. Puis il ajoute qu’ils vont partir ensemble à la chasse. Il poursuit « Pas de femme pendant plusieurs jours ça nous fera du bien ».

Cependant dans La Cible de Peter Bogdanovich la tension, la menace se précisent de plus en plus. On assiste peu à peu si l’on peut dire au basculement dans la folie de Bobby. Ainsi durant une séquence le père va remettre les canettes en place.

Pendant ce temps le jeune homme réarme son arme et sans raison il pointe son fusil sur son père. Il le vise. Son regard est vide. S’ensuit une caméra subjective dans laquelle on voit le père dans la ligne de mire. Gros plan sur le visage froid de Bobby. Il place son doigt sur la détente. La tension est à son comble. Jusqu’à ce que son père le rappelle à l’ordre et l’engueule comme en enfant. Durant une fraction de second face à ce rappel à l’ordre Bobby à tout d’un enfant pris en faute.

Peu à peu dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films on assiste en témoin impuissant à la perte de repère au basculement dans la folie de Bobby. Personne ne semble se rendre compte du changement inquiétant qui s’opère en lui et ce bien qu’il tente d’exprimer son mal-être aux siens. Ceux-ci ne prennent pas ce temps de l’écouter.

Pendant ce temps dans La Cible de Peter Bogdanovich nous retrouvons Byron Orlok et son assistante. Il se montre froid avec elle. Celle-ci finit par sortir en lui disant « nous sommes encore un ou deux à nous soucier de vous. Je me demande bien pourquoi ». Sur ses mots elle part en claquant la porte. Resté seul Byron s’excuse un peu tard « je suis désolé » et se sert un verre. Comme le dit si bien son assistante, Orlok semble s’apitoyer sur son sort. Byron donne l’impression d’être bien seul.

Au plan suivant de ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films nous retrouvons l’arc narratif consacré à Bobby. Il est avec sa famille dans le salon. La famille regarde la télé. Sa femme va se préparer, car elle travail de nuit. Bobby la suit. Il est dos à nous. Puis Bobby la rejoint dans la chambre. Il tente de la convaincre de rester. On entend hors champ la télé que ses parents regardent dans le salon.

Tout à coup dans La Cible de Peter Bogdanovich Bobby s’assoie à côté de sa femme. Bobby tente de se confier à elle. « Je ne sais pas ce qui m’arrive ». Sa femme continue à se préparer sans vraiment faire attention à lui. Elle se lève. Tandis que lui contenu « j’ai des idées bizarres ». « Tu ne crois pas que je serais capable de faire quelque chose ? ».

Il tente d’exprimer son trouble. On peut être tenté d’y voir un appel à l’aide. Malheureusement pour lui et pour ses futures victimes, elle est insensible à ce qu’il dit. On peut être tenté de s’interroger si elle l’avait écouté voire si ses parents avaient plus attentif si tout cela serait arrivé ?

Bobby Thomsonn s’enfonce dans le couloir plongé dans la pénombre. Puis il rejoint ses parents devant la télé, le jeune homme retrouve à son verre. Finalement ses parents vont se coucher. Il reste seul devant la télé.

Peu après dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films l’insert d’un pistolet dans le coffre d’une voiture. Bobby le charge puis ferme le coffre. S’ensuit un plan d’ensemble, on voit Bobby dos à nous retourner à l’intérieur. Une fois dans la maison, il éteint les lumières. On se doute que c’est trop tard Bobby a basculé et va mettre son sinistre projet en marche.

La Cible de Peter Bogdanovich. Carlotta Films
Byron Orlok (Boris Karloff) La Cible de Peter Bogdanovich. Carlotta Films

Parallèlement dans la Cible de Peter Bogdanovich nous retrouvons Byron Orlok en train de visionner un vieux film. Il s’agit d’un film mettant en scène Boris Karloff. De nouveau, on retrouve une figure de métacinéma ou mise en abîme.

Ce moment de quiétude est interrompu par Sammy. Le scénariste veut récupérer son script. Byron lui dit « je regarde un vieux film dans lequel j’avais un rôle ». L’acteur observe résigné « je ne suis qu’une pièce de musée ». Le scénariste regarde ce film avec intérêt. Il demande même à Orlok de se taire pour profiter pleinement du film.

Dans ce passage de La Cible de Peter Bogdanovich s’ensuit un dialogue captivant entre un passionné de cinéma et un acteur vieillissant se voyant en fin de carrière. Tous deux s’assoient côte à côte « j’ai écrit un rôle uniquement pour vous ». Byron répond « Je ne suis qu’un vieil homme fatigué ». Sammy cherche son script, pendant que Byron assit le regarde. Il lui avoue comme Sammy s’en doutait qu’il ne l’a pas lu.

Byron fait un amer constat qui pourrait coller à la vie réelle et à son interprète. « C’est terrible pour moi mes amis ont disparu, j’ai l’impression d’être un dinosaure (…) ». « Je sais ce que les gens pensent de moi un vieux schnoque du cinéma muet ». S’ensuit une alternance de plans sur Sammy « avec mon film on ne dirait plus ça ».

Cependant Byron reste sur ses positions « on m’appelait le prince de l’épouvante. Je n’ai jamais rien su faire que les monstres ».  Cela colle assez à Boris Karloff qui s’est vu limite emprisonné par ses rôles de monstres dont la créature de Frankenstein.

Peu après Byron lui montre la une d’un journal. Il observe« les monstres ne sont plus sur les écrans » mais dans la réalité. Insert de la une « un adolescent tue six personnes dans un supermarché ». Dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films Peter Bogdanovich « confronte deux formes de terreur : l’une fictive à travers l’évolution du cinéma et l’autre bien réelle avec l’essor des tueurs de masse et le culte des armes à feu ».

Ce passage de La Cible de Peter Bogdanovich bascule peu à peu dans le contrepoint comique. Tous deux fin saouls s’allongent côte à côte sur le lit de l’acteur. Byron éteint la lumière. S’ensuit dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films un fondu enchaîné.

Nous sommes toujours au cœur des ténèbres. On entend le chant des cigales ou autres insectes. On se doute que nous sommes chez Bobby. Ce dernier a basculé du côté obscur. Un éclair perce un instant les ténèbres éclairant le visage du jeune homme qui reste dans l’obscurité. Son regard semble vide.

Sa femme fait son entrée. Il lui demande de tout éteindre et de ne pas allumer la lumière. On discerne au cœur de l’obscurité uniquement une main tenant une cigarette et une partie du visage de Bobby. Il prétend avoir mal à la tête . Dans l’ombre, Bobby l’observe avec intensité quand elle se prépare pour se coucher.

Finalement elle s’allonge à côté de Bobby et lui souhaite bonne nuit. Un court instant on voit à travers une caméra subjective la femme embrasser son mari. Puis d’un coup, elle lui demande « tu veux toujours me parler ? » / « Non tu dois être fatigué ». Malheureusement il est trop tard pour ça.

Dans ce passage de La Cible de Peter Bogdanovich la menace s’intensifie. Nous allons basculer dans l’horreur, la terreur, mais cette fois si bien réelle. S’ensuit un insert, il tend la main. Sur la table de chevet à côté du cendrier on observe un pistolet.

Peu après dans ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films on discerne un insert d’une lettre rouge. Puis du mot « mourir ». Bobby tape un mot à la machine à écrire en lettres rouges. C’est à ce moment précis de La Cible de Peter Bogdanovich que tout va irrémédiablement basculer.

S’ensuit une série de plans déstabilisant. Ils restituent à merveille la violence et l’horreur de la scène. Ainsi sa femme le rejoint. S’ensuit un plan. Suivi de l’insert d’un pistolet. Bobby tire. Sa femme est projetée. On voit ce plan en caméra subjective. La détonation est tonitruante. S’ensuit un gros plan sur le visage impassible, froid de Bobby. Ce dernier commence sa sinistre besogne.

La Cible de Peter Bogdanovich. Carlotta Films
Bobby (Tim O’Kelly) La Cible de Peter Bogdanovich. Carlotta Films

Durant ce passage de ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films le monstre a un visage humain. Bobby agit calmement de façon posée, mais paradoxalement avec une violence crue. Étonnement on entend un court instant une musique joyeuse.

La caméra explore les lieux puis se pose sur une feuille sur laquelle est inscrit en lettre rouge un mot dactylographié. Sur celle-ci on peut lire « A qui de droit, il est maintenant 11: 40 ma femme dort toujours mais quand elle se réveillera je la tuerais. Puis je tuerais ma mère. Je sais qu’ils m’auront, mais il y aura plus de morts avant que je ne meurt ». On entend la voix de Bobby calme énoncer le texte.

Au plan suivant de ce film proposé en Blu-ray par Carlotta Films on assiste à une rupture de ton. S’ensuit un plan sur une horloge. Nous sommes dans la chambre d’hôtel de l’acteur.  Sammy et Byron se réveillent avec la gueule de bois. Quelqu’un frappe à la porte de la chambre c’est son assistante.

De nouveau dans La Cible de Peter Bogdanovich on assiste à un contrepoint comique. Sammy sursaute en découvrant le visage de Byron allongé à côté de lui. Puis l’acteur sursaute lui-même face à son reflet quand il passe devant un miroir.

Finalement Byron capitule. Il ira à la première de son film, cependant il ajoute « mais ne vous réjouissez pas trop vite je veux toujours prendre ma retraite ». Tous trois prennent le petit-déjeuner ensemble. L’assistante de Byron appelle Eddy pour lui annoncer la bonne nouvelle il sera la lors de la première au Drive-in.

S’ensuit dans La Cible de Peter Bogdanovich un fondu enchaîné un plan sur le même panneau du Drive-in vu précédemment. On peut voir Bobby passer devant celui-ci. Il se rend à l’armurerie. Une fois à l’intérieur Bobby demande des cartouches pour gros calibre. S’ensuit un insert d’un grand nombre de boîtes de cartouches empilés sur le comptoir. Bobby agit de façon normale. Rien ne laisse présager ses attentions.

Le jeune homme veut mettre l’ensemble de ses achats sur le compte de son père. L’employé va consulter son patron. S’ensuit une caméra subjective Bobby tendu les voit tenter de joindre son père. La tension ne dure qu’un court instant. L’employé demande à Bobby sur le départ ce qu’il va chasser. Ce dernier répond froidement du gros gibier ce qui ne manque pas d’ironie.

Peu après dans La Cible de Peter Bogdanovich nous voyons les préparatifs du grand évènements à savoir la projection de The Terror. Parallèlement nous observons ceux de Bobby. Il met en place son sinistre projet. Puis le jeune homme passe à l’action. S’ensuit une plongée au cœur de l’horreur humaine voire de l’enfer.

Afin de finir en beauté je vous invite à visionner les bonus de ce Blu-ray proposé par Carlotta Films. Ceux-ci comportent entre autres les commentaires audio de Peter Bogdanovich. Mais aussi : La Cible une introduction de Peter Bogdanovich.

Le réalisateur y évoque sa rencontre avec le cultissime Roger Corman. De même que la genèse du film et l’influence d’un fait divers. Plus exactement celui concernant Charles Wittman. Le réalisateur parle avec bienveillance de l’inoubliable Boris Karloff. Peter Bogdanovich le qualifie de « gentleman anglais absolument délicieux (…) », « modeste, professionnel et aimable ». Selon le réalisateur « c’était merveilleux de tourner avec Karloff. Il se montrait très encourageant… ».

Dans un des autres bonus de La Cible de Peter Bogdanovich j’ai eu le plaisir de retrouver un des professeurs de cinéma que j’avais eu à la fac. Plus précisément un cours sur le cinéma des années 70. il s’agit de Jean-Baptiste Thoret. Selon lui Corman aurait appris à Peter Bogdanovich « la capacité à tourner un film rapidement » ainsi que « ne jamais demander mais faire ».

 On apprend entre autres dans ce bonus de ce Blu-ray proposé par Carlotta Films que le réalisateur « s’inspire de la tuerie de masse de Charles Wittman ». « Ce fait divers ayant choqué l’Amérique» et synonyme de « violence gratuite ».

De plus Bobby « n’est pas filmé comme un monstre. On le trouve effrayant, glaçant , mais pas antipathique ». Cette idée « chamboule l’idée du bien contre le mal». Il a parfois un côté enfantin. Dans La Cible de Peter Bogdanovich le réalisateur dresse « l’écart entre la violence froide et la violence cadrée (film)». C’est une réflexion glaçante sur la violence ordinaire. Selon Jean Baptiste Thoret dans ce bonus de ce Blu-ray proposé par Carlotta Films Peter Bogdanovich prône entre autres « la cinéphilie comme mode de vie ».

Prenez garde l’horreur se cache derrière des apparences ordinaires dans La Cible de Peter Bogdanovich

La Cible de Peter Bogdanovich. Avec : Boris Karloff , Peter Bogdanovich . Durée : 90min.

Prix 30 € pour l’édition prestige limitée proposée par Carlotta Films / 20 € pour le Blu-ray ou DVD simple proposés par Carlotta Films

Pour plus d’info/ vente en ligne : https://carlottafilms.com/

Rédactrice freelance, Pigiste

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