Culture

Tremblez de plaisir tout en prenant part à la monstrueuse parade au cœur du magazine n°7 de Métal Hurlant

La monstrueuse parade magazine numéro 7 de Métal Hurlant. Photo: Philippe Lim
La monstrueuse parade magazine numéro 7 de Métal Hurlant. Photo: Philippe Lim

Imaginatif. Troublant. Effrayant. Voici les termes qui caractérisent le mieux le magazine n°7 de Métal Hurlant. Les monstres sont parmi nous et nous invitent à prendre part à leur monstrueuse parade. Comme toujours dans un style décalé, corrosif, amusant parfois à la limite du subversif.

Métal Hurlant reste fidèle à sa ligne directive à savoir être un « laboratoire d’idées ». Ils poursuivent une « éternelle recherche de diversités d’opinion, d’idées novatrices et de points de vue venus des quatre coins du monde ».

Pour se mettre l’eau à la bouche rien de mieux que l’Édito du feu de Dieu de Jerry Frissen rédacteur en chef de Métal Hurlant. Il nous accueil à la perfection dans un style décalé et nous invite à pénétrer au cœur de la monstrueuse parade.

Selon lui « les auteurs et autrices de ce numéro sont des monstres brillants capables d’aller chercher en eux leurs fantasmes, leurs traumatismes, leurs rages et leurs trouilles, davouer sans honte le mal qu’ils rêveraient parfois d’infliger aux autres de plonger au plus profond d’euxmême pour en revenir avec ce que les humains cherchent en général à oublier. Certains ont même profité de nos pages pour dépasser leur personne et donner un point de vue largement philosophique sur la monstruosité ».

Entamons maintenant notre voyage de l’autre côté du miroir et pénétrons dans des univers plus au moins sombre. Emboîtons le pas à la monstrueuse parade au sein de ce n°7 de Métal Hurlant et interrogeons-nous sur notre propre monstruosité.

Car n’y a-t-il rien de plus effrayant que les monstres humains cachés sous le masque de l’innocence ? Mais on aussi peut se demander qui sont vraiment les monstres ? On pénètre avec intérêt dans la monstrueuse parade au cœur de ce magazine numéro 7 de Métal Hurlant. Mais aussi au cœur de l’imaginaire des artistes talentueux qui s’y sont exprimés librement pour notre plus grand bonheur. Les styles sont variés, mais tous sauront nous happer et nous entraîner dans leurs mondes.

Parallèlement aux œuvres de ces talentueux artistes nous retrouvons avant chaque nouvel accès à un autre univers une section intitulée « L’ignoble bibliothèque du Dr Maddox ». Celles-ci sont à mourir de rire et pour ne rien gâcher nous conseillent des ouvrages captivants. Pour ma part, je ne sais pas si c’est bien rassurant, mais plusieurs m’ont intéressé. Je me suis fait une petite liste.

Pour en revenir à « L’ignoble bibliothèque du Dr Maddox » au sein de ce magazine n°7 de Métal Hurlant voici comment la première est introduite. Cela donne déjà le ton. « Il y a longtemps qu’Otto Maddox ne lit plus rien d’autre que des manuels automobiles. Le bonhomme s’était mis en tête de restaurer une Chevrolet C10 de 1971.

A la rédaction du Métal Hurlant personne l’en croit capable, mais aucun d’entre nous n’ose lui dire. Dans un recoin de son atelier se trouve une pièce de cartons remplis de livres et de fascicules d’une de ses passions précédentes : l’horreur. Nous en avons sélectionné quelques-uns que chaque lecteur de Métal se devra d’ailleurs de posséder ».

Pour ma part, je me suis empressée de faire une liste. Voici quelques-uns des ouvrages de « L’ignoble bibliothèque du Dr Maddox » qui ont attiré mon attention. Dont Gyo de Junji Ito un mangaka spécialisé dans l’horreur. Cet ouvrage m’avait échappé. On peut aussi citer Ze craignos Monsters écrit par le fondateur de la revue Mad Movie Jean-Pierre Putters. Nous ne pouvions espérer mieux pour nous guider dans l’univers des films d’horreurs voire des nanars culte.

Dans cette « Ignoble bibliothèque du Dr Maddox» au cœur du magazine n°7 de Métal Hurlant j’ai trouvé un ouvrage qu’il me faut absolument. Il est consacré à un maître de l’horreur H. P. Lovecraft. Comme le dit si bien Métal Hurlant « Difficile de ne pas le mentionner quand on parle de monstres ». Il s’agit du New annotated H. P. Lovecraft de Leslie S. Klinger et Alan Moore. Ce livre reprend les histoires fondamentales et les accompagne de contextualisations des plus passionnantes.

Pour en apprendre un peu plus sur cet auteur des plus influent au XXème siècle je vous invite à lire Les Mythes de Lovecraft. En restant dans la même idée même si nous savons tous qu’il n’en est pas l’auteur. Cependant le nom d’H. P. Lovecraft reste irrémédiablement lié au Necronomicon.

« L’ignoble bibliothèque du Dr Maddox » au cœur de ce magazine n°7 de Métal Hurlant nous en propose une version culte. Tous adeptes du travail de H. Giger ou fan d’Alien voire du Necronomicon tomberont sous le charme de son interprétation proposée par Les Humanoïdes Associés.

Cette section au sein de la monstrueuse parade est riche en ouvrages culte que tous cinéphiles ou accrocs aux films d’horreur se devrait d’avoir. On peut citer entre autre Gore de Marc Godin. Ce livre nous plonge au cœur du cinéma d’horreur. Nous apprenons que derrière l’horreur se cache une véritable recherche esthétique.

« L’Ignoble bibliothèque du Dr Maddox » ne me semble pas si ignoble que ça bien au contraire. On y trouve la Grande Illusion de Tom Savini un des maîtres des effets spéciaux. Il y explique point par point les techniques qu’il a utilisées pour imaginer les effets spéciaux et maquillages de ses chefs-d’œuvre de l’horreur. Mais aussi d’autres consacrés à la Nuit des morts-vivants et à son créateur.

Il est temps pour nous d’emboîter le pas de la monstrueuse parade au cœur de ce magazine numéro 7 de Métal Hurlant à chaque œuvre son univers et son style. Tout commence par ce qui pourrait être vu comme un clin d’œil voire une sorte de mise en abîme. Ainsi la monstrueuse parade débute par Aube métallique.

Nous devons cette BD aux talents combinés de Jake Thomas au scénario et Jorg De Vos au dessin. On est dans un monde apocalyptique qui a entre autres des petits airs de Terminator. Des robots y règnent sur Terre. Ils poursuivent des survivants. Ceux-ci trouvent refuge dans un lieu étrange.

Dans le tiroir secret d’un monument, l’un d’eux trouve épée des plus massives et de nombreux numéros de Métal Hurlant. On reste sur notre faim. Il nous faudra nous armer de patience pour atteindre la fin de ce numéro et de cette aventure.

Tout au long de cette monstrueuse parade au cœur de ce magazine numéro 7 de Métal Hurlant nous voguons d’un univers à l’autre, d’une réalité à l’autre. Les monstres y ont mille-et-uns visages et sont parfois plus proche de nous que nous le croyons.

Neyef avec Marguerite nous livre une histoire particulièrement monstrueuse. Heureusement pour nous « il n’a pas peur d’aborder le sujet qui fâche avec franchise, ironie et une morale éminemment subtile ». L’époque de cette BD son visuel est plus proche du notre, est plus réaliste.

Au début de Marguerite trois adolescents vont dans une maison de campagne « il y a pire pour passer un dernier jour sur Terre ». On apprend que nous sommes à la veille de la fin du monde. Une comète va frapper la Terre.

Peu après Marguerite part avec son copain vers la piscine. Les vignettes suivantes s’attardent sur son frère qui déambule dans la maison. Tout à coup on entend la voix du copain de Marguerite « tu es folle et si ton frère débarquait ».

La vignette suivante s’attarde sur le visage de Julien, le frère, qui les observe à la fenêtre. Marguerite répond « et alors on sera mort demain ». Raccord regard, on surprend Marguerite et son copain en pleins ébats. On voit la scène à travers les yeux de Julien.

S’ensuit si l’on peut dire une alternance de plans restituée à travers plusieurs vignettes. L’une d’entre elles se concentre sur le visage blasé de Julien. Il regarde par la fenêtre. Celui-ci s’oppose au visage extatique de sa sœur. On voit ensuite un plan sur le visage de Julien. Puis sur celui surpris de sa sœur qui l’a vu. S’ensuit un gros plan sur le visage de Julien suivi d’un autre sur celui gêné de sa sœur.

Cette BD peut être vue comme une interrogation sur notre propre monstruosité, humanité. Ainsi au cours de la soirée, Marguerite dit à Julien « tu aurais pu faire comme moi et vivre ces derniers jours sans remords en se fichant des conséquences ». La lumière se fait crépusculaire et si….

Dans cette monstrueuse parade au cœur de ce magazine °7 de Métal Hurlant ne pensez pas obligatoirement vous en tirer avec des happy-end. Autre artiste, autre ambiance nous basculons dans Innocence artificielle. Nous devons cette petite merveille aux talents combinés d’Otto Maddox au scénario et d’Antoine Dodé au dessin.

On pénètre dans un univers sombre crépusculaire. Nous notons une dominance de rouge. Innocence artificielle se déroule dans un futur apocalyptique. On suit trois robots monstrueux. Ils traquent les derniers humains. La violence est restituée à merveille par les illustrations. Ainsi on voit un sabre fendre en deux une tête. Un peu plus tard on retrouve celle-ci au premier plan, des morceaux de corps volent. Les robots sont capturés dans leurs mouvements. Leur objectif « Eradiquer toutes formes de vie ».

Au cœur de ce trio se démarque un petit robot. Il n’a pas pris part au massacre. Selon lui c’est un problème de mise à jour de logiciel. S’ensuit une vignette où l’image nous est restituée à hauteur du petit robot. En arrière-plan, on voit un autre robot face aux ruines d’une ville. Il s’écrit « tu vas pouvoir tester ton logiciel ». S’ensuit un insert du visage du robot dans ses yeux rouges se reflète un enfant aux côtés d’un corps. Cela m’a fait penser à entre autres Planète Hurlante, Terminator….

Comme la majorité des œuvres au cœur de cette monstrueuse parade de ce magazine n°7 de Métal Hurlant. On note de multiples rebondissements, mais aussi la qualité picturale limite cinématographique des illustrations. Elles donnent corps à l’histoire.

Dans ce 7e  numéro de Métal Hurlant à côté des BD nous trouvons aussi des articles passionnants. L’un d’eux intitulé « La Malédiction du spectre nain » de Jimmy Pantera s’intéresse aux phénomènes des Freaks show.

Sur ce thème je vous recommande Freaks la monstrueuse parade de Todd Browning. On apprend dans cet article que « la culture du freak show naît véritablement aux Etats-Unis sous l’impulsion de Phinéas Taylor Barnum ». « Dès le départ ce businessman américain fonde en partie ses spectacles sur l’imposture et l’arnaque ».

Une des sections de cet article de Jimmy Pantera s’intitule « Le cirque des illusions ». Sur ce point je vous invite entre autres à visionner la série La Caravane de l’étrange arrêtée trop tôt. Dans cette section de la monstrueuse parade au sein du magazine n°7 de Métal Hurlant Jimny Pantera poursuit. « En 1871 Barnum déjà âgé de 60 ans fonde son fameux cirque (…) ».

« Par son bagout, son imagination sans limite et ses talents de charlatan Barnum propose les Freaks show dans lEre industrielle. Il transforme l’éternelle fascination pour les monstres et autres prodiges humains en phénomène de société ».

De plus on découvre dans cet article qu’il existe 3 types de Freaks : « les natural born Freaks », les « working act ». Pour celui-ci il s’agit de performance accomplie par des artistes forains dotés de talents hors du commun : contorsionniste, avaleur de sabre. Concernant la dernière catégorie, il s’agit des « self-made freaks». De même l’ auteur nous parle de sa passion pour les physiques qui bousculent les normes. Il a découvert les Freaks au début des années 1970.

La monstrueuse parade au cœur de magazine n°7 de Métal Hurlant prend à nouveau figure humaine dans Bas les masques de Julien Lambert. Cette BD se passe dans un monde futuriste. Elle semble nous mettre en garde contre les dangers du virtuel. Une interphase addictive propose une réalité virtuelle idyllique.

On voit différents exemples de publicités à dominance de rose. Ils se déclinent sur plusieurs vignettes. Dont « choisissez la mutuelle du rail et du voyage (…) / Finit les frais de logement, de soin, de nourriture ». Pendant qu’ils sont maintenus dans une béatitude virtuelle. Ils « sont baladés de gare en gare pour être vendus par morceaux ». Ceci a un petit côté entre autres Transperceneige, voire Soleil vert.

Autre univers, autre monstre au sein de cette monstrueuse parade au cœur du magazine n°7 de Métal Hurlant avec Le Bracelet. Nous devons cette œuvre aux talents combinés de Corbeyran et Rurik Sallé au scénario et Nicolas Bègue au dessin. On peut noter dans cette BD, un habile jeu sur le contour des vignettes et sur les dominances de couleur.

Au début la couleur est bleutée voire grise. Un homme fait une étrange trouvaille dans un magasin « jusqu’au jour où mon regard c’est posé sur le Bracelet ». On voit dans une vignette un plan d’ensemble. Puis dans la suivante un gros plan d’une main saisissant un bracelet. Insert de celui-ci dans la main. Puis plan sur ses yeux avides. L’homme décide de le garder et de le porter.

C’est à ce moment précis que tout va basculer la couleur dominante des illustrations est jaune. Les bords des vignettes sont légèrement ondulés. Peu à peu dans cette BD le changement s’opère. L’objet semble tenir de la possession voire plonger dans la folie son possesseur.

Ainsi l’homme saisit un stylo pour répondre à une relance de facture. La couleur dominante se fait orangée. Les contours des vignettes sont irréguliers. Ici ce n’est pas La Main qui tue mais la main qui révèle. Il confesse ses péchés et révélé par écrit tout ce qu’il a caché.

On poursuit cette monstrueuse parade au cœur du magazine n°7 de Métal Hurlant avec Respect de Matthew Allison. On y suit un cyborg dont l’allure rappelle celle de Robocop. Il s’agit d’un BPA (Bourreau Privé Agréé). L’univers est sombre. L’histoire plonge dans le gore. Comme Judge Dredd  on pourrait s’attendre à l’entendre dire « je suis la loi ». Il prône une justice expéditive, violente.

Mon coup de cœur au sein de cette monstrueuse parade proposé par Métal Hurlant se porte sur Trophées. Dans cette nouvelle Brouette Hurlante s’approprie le cultissime Massacre à la tronçonneuse. J’adorerai voir celle-ci adaptée au cinéma.

Cette nouvelle donne la parole aux Trophées de Leatherface un point de vue des plus intéressant et inédit. « Nous sommes sa précieuse collection composée de mille visages arrachés avec une brutalité amoureuse aux corps auxquels ils appartenaient (…) ».

Ce sont des « Souvenirs collectés au fil des rencontres fortuites ou provoquées au détour d’une stationservice ou routes abandonnées de tous (…) ». « Nous attendons patiemment », « Nous frémissons de joies et dexaltation lorsqu’avec ses mains rugueuses et maladroites. Il nous saisit pour nous plaquer sur son visage. Alors nous nous réincarnons à travers lui. Mieux encore nous faisons symbiose. Chaque fois qu’un visage nous rejoint. Nous célébrons l’arrivée d’un nouveau caractère, d’une couleur inconnue sur une palette de sentiments ».

L’autrice a donné la parole à plusieurs de ces trophées visage que revêt Leatherface. Ceux-ci semblent avoir leur vie propre. Les parties leur étant consacrées sont à la première personne de singulier. Ils sont très loin d’être des victimes. Ainsi « tu es le sansvisage et à la fois tu en possèdes mille. Ceux de nos peurs, de nos désirs et pourtant aucun ne t’appartient ». Mais aussi « Alors n’oublie pas Leatherface toi qui n’a ni langage ni nom. Tu n’es rien sens nous tu es nos mille-et-uns visages ».

Cette nouvelle de Brouette Hurlante est superbement illustrée. On peut voir une salle de trophées avec des crânes d’animaux sur un fond rouge. Nous discernons aussi des peaux de visages humains, des têtes empaillées et une tronçonneuse….

Dans la monstrueuse parade au sein de ce magazine n°7 de Métal Hurlant nous découvrons des univers plus ou moins sombres, des monstres plus ou moins humain. On peut aussi être tenté de se demander qui est le monstre. Dans une des BD on retrouve un peu l’idée de Je suis une Légende. Ainsi des mutants suite à des radiations sont confrontés à des monstres : les survivants humains.

Une chose est sûre cette monstrueuse parade proposée par Métal Hurlant nous surprend, nous trouble ou tout au moins ne nous laisse pas indifférents. On est tout de suite happé par son contenu.

Succombez à la sombre beauté de la monstrueuse parade du magazine n°7 de Métal Hurlant.

La monstrueuse parade  magazine n°7 de Métal Hurlant. Prix: 19,95 €

Pour plus d’ info : https://www.humano.com/metal-hurlant

Rédactrice freelance, Pigiste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Protected by WP Anti Spam